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Chapter 2 by nilmerus nilmerus

Mais où est donc arrivé notre héros?

Vers l'infini et l'au-delà.

*Où suis-je ?…*

L’infinité de l’espace, à la fois si sombre et empli de tant de lumières. Austère à la vie, et pourtant parcouru par celle-ci. Si froid, gelant jusqu’à son âme l’atome même d’un cœur qui l’instant d’avant battait encore, et en même temps plus chaud que ce que l’homme pourrait ne serait-ce qu’imaginer.

*Je ne vois rien...je ne sens rien...qu’est-ce qui m’arrive?*

L’humain, l’homme, qui il y a peu se sentait fort et vivant, ne savait plus où ni qui il pouvait bien être, ses pensées étaient décousues, éparses, détachées de la réalité par un choc autant physique que mental.

*Je ne peux pas bouger...je suis...paralysé?*

Le corps ne répondait plus, mais le cerveau fonctionnait toujours, cela rassura et terrifia l’homme.

*Reprends-toi, John , reprends-toi...John ...oui, c’est mon nom, enfin...je crois...oui, je m’appelle John Doe …*

Peu à peu, sans que l’homme puisse estimer le temps que cela lui prenait, il parvint à rassembler les morceaux éparses de sa mémoire.

*Je...me souviens...Odds...c’est Odds qui m’a envoyé ici. Mais...où est...ici?*

C’est lorsqu’il commença à percevoir des lumières qu’il se rendit compte que ses yeux étaient restés ouverts tout ce temps. Il avait souffert d’une cécité qui ne faisait que commencer à disparaître, révélant à l’homme des couleurs nouvelles dont il n’avait nuls souvenirs.

Mais la beauté des ombres ne parvenait pas à le distraire. Il devait se concentrer, retrouver la mémoire, c’était pour lui d’une grande importance, même si il ne savait plus pourquoi.

*Me souvenir...Je dois me souvenir, me souv…*

S’il avait pu parler, il aurait été rendu muet, son fil de pensées lui-même fut interrompu lorsque sa vision revint enfin à un semblant de normal.

L’espace, l’infinité parcourue par tant de choses, de formes et de couleurs, habité par les planètes, les lunes et les comètes, un tableau digne des plus grands artistes s’offrait aux yeux de l’homme qui s'émerveilla longuement avant de, tout simplement, se rendre compte que cela n’était pas possible.

*Comment puis-je être là? Et surtout, comment suis-je toujours en vie?*

Ce ne fut qu’à ce moment qu’il fit plus attention à sa situation. Il n’était pas paralysé, il était immobilisé. Son corps entier était figé, enfermé dans un cristal géant transparent qui, lorsqu’il était touché par le moindre rayon de lumière, était parcouru par une infinité de couleurs toutes plus magnifiques les unes que les autres.

*Je suis immobilisé, je suis...prisonnier…*

La réalité de sa situation le frappa de plein fouet. Pour une raison ou une autre, il vivait. Il ne respirait pas, son cœur ne battait pas, mais il vivait. Il ne pouvait ni parler, ni bouger, mais il voyait et entendait. Il ne pouvait cligner des yeux, pas plus que les fermer, mais cela ne le gênait pas, tout du moins pas physiquement.

*Que vais-je faire...que puis-je faire sinon...attendre…*

Cela lui vint comme une nouvelle. Elle n’était ni bonne, ni mauvaise, juste une nouvelle qui devint de suite un fait inéluctable. Il serait spectateur de l’espace, témoin des galaxies tandis que, enfermé dans sa prison de cristal, il ne pouvait que se laisser guider par les différents astres et leurs attractions, gravitant autour d’une planète ou d’une lune dont il ignorait le nom.

*ODDS!!! ESPÈCE D’ENFOIRÉ! TU M’AS ENVOYÉ DANS UN CERCUEIL SPATIAL!!!*

Dans son esprit, il hurlait, il vociférait, tentait en vain de faire appel à ce dieu qui lui avait fait miroiter une récompense pour mieux le tromper. Il avait perdu contre un mortel, et en retour, il l’avait trahi...

Et le temps passa.

Il flottait parfois longtemps, très longtemps autour d’un astre, observant de ses yeux constamment ouverts tout ce que voulait bien lui offrir les environs. Et puis, sans crier gare, il était percuté par un corps, un astéroïde ou une comète, qui l’expédiait à une distance telle qu’il ne pouvait plus rien apercevoir de l’endroit où il se trouvait précédemment.

Parfois, comme si l’univers souhaitait briser la monotonie de son existence, il arrivait que John puisse observer des choses étonnantes.

Il fut témoin de la collision entre deux planètes, un spectacle aussi fascinant qu’il était désolant à ses yeux. L’onde de choc lui fit traverser une nouvelle étendue sans s’arrêter, le cristal ne semblant pas se soucier des centaines, millions, milliards de choses qui venait le percuter durant son voyage. Jamais il ne se fissura, jamais il ne se brisa. Son cercueil stellaire était parfait, sa prison était indestructible.

Il le regretta bien souvent, maudissant le Dieu qui l’avait enfermé là, il chercha à se donner la mort, mais il en était incapable. Il essaya plus d’un milliard de fois de s’arrêter de penser, il ne parvenait qu’à se mettre à méditer longuement, entrant dans une transe qui finit par lui servir de temps de sommeil.

Il n’avait pas besoin de dormir, il ne semblait pas se fatiguer dans le cristal, mais ses longues méditations lui permettaient de garder un semblant de cycle, lui qui n’avait plus la notion des jours et des nuits depuis bien longtemps, cela était le seul moyen de ne pas devenir fou.

Un jour, ou bien une nuit, il rencontra quelque chose de nouveau. Quelque chose de nouveau et terrifiant.

Cela ressemblait à un long serpent, ou plutôt une pieuvre, voir un mélange contre-nature des deux créatures. Le monstre immense dépassait la taille d’un immeuble et, de sa gueule immense, il avalait comètes et astéroïdes passants à sa portée, croquant de son million de dents les roches spatiales comme s’il avait s’agit de délicieux amuse-bouche.

Hors donc, lui qui voyageait dans son cristal, l’homme vit la dizaine d’yeux de la créature se poser sur lui. Pas sur le cristal, mais bien sur lui.

Lorsque l’un des tentacules attrapa son cercueil, il sut ce qui allait advenir, et cela...ne lui déplut pas plus que ça.

*Serait-ce enfin l’heure? J’ignore depuis combien de temps je voyage, mais je dois dire que j’aimerais bien enfin me reposer…*

La gargantuesque gueule se referma sur lui, les dents cherchant à briser le cristal.

Il n’y a pas d’air dans l’espace, et donc pas de son, du moins était-ce ce dont John se souvenait des cours de science qu’il avait jadis suivi à l’école.

Alors il ne put qu’être étonné d’entendre, et ce depuis bien longtemps, un son. Auparavant durant son voyage, il n’avait qu’imaginé le bruit des astres, percevant les ondes de chocs que produisaient leurs collisions entre eux ou contre lui. Cela n’avait été qu’une tentative désespérée de son esprit pour lui offrir une autre dimension sur laquelle baser ses observations.

Mais là, c’était différent.

Ce monstre de l’espace, ce serpent/pieuvre géant qui avait fait du vide sa résidence et des roches spatiales son repas, criait.

Un cri, un son à la fois beau et horrible, lancinant par sa profondeur, son écho dans la galaxie faisant vibrer jusqu’aux planètes alentours.

Ce cri, il le poussait car ses dents, qui avaient déjà tant broyé, venaient de se briser. Elles n’étaient pas parvenues à ne serait-ce que griffer superficiellement la matière entourant le voyageur.

C’était à la fois un pleur et une explosion de rage, la créature ne lâchant pas pour autant sa proie.

Ouvrant plus grand encore son impossible orifice buccal, il révéla à John un tunnel de feu, de glace et de roche.

Le cristal fut avalé, enfermant pour de bon John et sa prison, ne faisant qu’ajouter une nouvelle couche, un nouveau genre de mur à sa cellule de cristal.

*Me voilà bien…*

Le sarcasme était de mauvais goût, mais le moindre trait d’humour était salvateur pour le voyageur solitaire, du moins pour tromper son ennuis.

C’était un spectacle nouveau qui s’offrait à l’homme, avec cette fois du son pour accompagner les images.

Le régime alimentaire de la créature rendait son système digestif absent de substances biologiques qui auraient pu former quelques sucs ou vomis nauséabonds, si du moins quelconques odeurs avaient pu parvenir aux narines du voyageur.

En lieu et place, c’était un équilibre parfait que formaient deux cœurs, l’un de feu et l’autre de glace. Situés l’un après l’autre, le cœur de feu faisait fondre la roche stellaire, formant un torrent de lave que refroidissait ensuite le cœur de glace. En résultait une paroi interne digne d’une montagne, la roche fondue se muant en muscles qui venaient fusionner avec le reste du corps sans cesse grandissant de la créature.

Corps étranger, le cristal vint finalement finir sa course entre les deux cœurs, se calant dans un interstice musculaire qui l'absorba partiellement. Il ne fut pas abîmé pour autant, simplement immobilisé à son tour, tout comme l’était John depuis déjà si longtemps.

*Chacun son tour…* se moqua gentiment le voyageur, espérant sans trop y croire que le cristal lui réponde.

Coincé, bercé par les deux cœurs battant à l’unisson et les bruits que laissait parfois entendre la créature, John , après un temps, se surprit à trouver le sommeil.

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