Peut être que quelqu'un d'autre en voudra.

Je penche la tête, pensivement, puis me décide enfin. Je vais aller vers cette salle d'arcade et là-bas il y aura surement quelqu'un qui le voudra, sinon, au pire, ça sera poubelle. Je remets le contact et quitte le parking. La nuit a commencé à tomber, mais à cette période il ne fait pas vraiment noir jusqu'au matin. Je m'engage sur la voie menant au PieMau et suit le flot des véhicules qui vont dans le même sens jusqu'aux accès des multiples parkings à étage.

"-Merde ! C'est payant."

Je réalise trop tard que les parkings sont évidemment payant. Je regarde autour de moi, pas moyen de faire demi-tour et derrière moi il y a une longue file d'autres voitures. Je suis coincée.
C'est trop con, me voilà obligée de payer juste pour aller refiler un jeu stupide au premier inconnu qui passe.

"Bip"

Et voilà ... le paiement automatique. Je récupère quand même le ticket pour voir ce que ça me coute. Beaucoup trop cher. Je vais être obligée de trouver un acheteur maintenant si je ne veux pas que ça soit un fiasco complet ... Quelle idée stupide. Puis je me reprend et m'enfonce dans les étages du parking avant que les suivants ne me klaxonnent pour aller plus vite.

Il me faut bien vingt minutes pour enfin trouver une place et couper le contact. Tous ces tours pour trouver où stationner en évitant les piétons, les voitures qui sortent, les voitures qui rentrent, coincée derrière un gros nul qui fait cinquante manœuvres parce qu'il a eu le génie d'acheter une grosse voiture qu'il ne maitrise pas .. Bref .. je suis mentalement épuisée...
Je prends un temps pour me reposer contre l'appuie tête en fermant les yeux, les bruits sourds du parking me parviennent à travers les carreaux. D'un geste de la main je remets ma mèche de cheveux vers l'arrière et soupire.
Quand enfin, je reprends un peu de sérénité, je saisi mon sac et me décide à quitter mon véhicule.

Les bruits et les odeurs du parking m'agressent instantanément et je sers les dents. Je sais pourquoi je suis là, donc autant y aller. Plus vite partie, plus vite revenue. Je pense, pour me motiver, au chocolat chaud et au bain que je vais me faire en rentrant.
Je prend les escalier qui se remplissent d'autres usagers à mesure que je descends au niveau de la zone piétonne et sors finalement du parking. Enfin de retour à un espace plus dégagé. Je ne suis pas claustrophobe, mais les ascenseurs, les cages d'escalier et autres espaces restreints m'ont toujours mise un peu mal à l'aise.
Je regarde autour de moi les groupes d'amis, les couples et les familles qui s'en vont vers la passerelle menant au PieMau. Je remet mon sac à dos en place et prends le même chemin en ne lâchant à aucun moment ma vigilance au cas où un pickpocket tenterait sa chance.

Plus je m'approche et plus le bâtiment est imposant. Ses lumières illuminent les alentours et la foule de plus en plus compacte qui se forme devant les entrées. Ils attendent tous l'ouverture ... Il y a tellement de monde. Je ne sais pas si je devrais m'y avancer. Je sens mon cœur qui accélère, je regarde sur les côtés s'il n'y a pas de personnes plus isolées que je pourrais aborder plus facilement, mais ça ferait bizarre d'approcher des inconnus pour leur vendre un jeu sous le manteau. D'ailleurs je ne sais pas ce qui m'a prise de croire que je pourrais trouver un acheteur ici. J'aurais mieux fais de proposer ça sur internet, ou tout simplement de le rendre au magasin, même avec cet idiot d'agent de sécurité. Je ne sais même pas comment je pourrais aborder un inconnu ici sans passer pour une idiote qui ne trouvent pas ses mots. Je n'ai jamais été faite pour aller vers les autres. Je suis bien plus habituée à ma bulle de tranquillité.
Je me désespère et en viens même à souhaiter que je trouve quelqu'un que je connaisse ici. Même si je critiques souvent ouvertement les personnes qui vont dans ces lieux, je préfèrerais encore ça à aborder le premier passant venu.

"-Sarah ? Hé, Sarah !"