Intéressante rencontre.

Ce ne fut que près d'une heure plus tard qu'ils reprirent la route.

Ambre finit tout de même par retrouver sa taille normale, autant que John avait repris ses esprits et ses yeux perdus leur teinte or et argent.

"Hé...désolé si...je me suis laissé aller." finit-il par dire, presque gêné de son comportement.

Assise sur son épaule, Ambre lui embrassa la joue.

"T'en fais pas, c'était super, j'ai adoré. Me sentir si grande...si pleine aussi, c'était grisant."

Soulagé de ne pas l'avoir blessé, physiquement autant que mentalement, l'homme marcha d'un pas assuré.

"Donc tu...comment dire...tu as aspiré cet esprit?"

"Je ne crois pas. On aurait plutôt dit qu'il me léguait ses forces et connaissances. J'ai gagné plusieurs niveaux et de nouvelles capacités qui se sont greffées aux miennes."

"On va dire que c'est une bonne chose, mais tu devrais faire plus attention. Dans ce monde, des objets maudits, ça existe vraiment, et tu ne serrais pas le premier à te faire posséder ou perdre la tête en touchant ce qu'il ne faut pas."

"Je tâcherai de faire attention alors. On se rapproche."

Au loin, le bâtiment menant au pont se montrait enfin.

Un vaste plateau menait directement à un ensemble de petites bâtisses, une espèce de quartier précédent l'antique poste de garde bien plus imposant.

"Tu sais, j'ai entrevu les souvenirs de ce type. Il ne voyait rien d'autre que la pièce où nous nous trouvions, mais les anciens habitants lui expliquaient tout ce qu'il se passait autour."

"Et donc? On est où, là?"

"Traduit littéralement, on pourrait dire 'place des évènements'. C'était ici que se passaient tout ce qui demandaient que le peuple se réunisse: des marchés, des festivités, ce genre de truc."

"J'en conclus donc que les tas de bois rongés par le temps et la vermine sont d'anciens étals?"

"Yep, mais je doute qu'on trouve quoi que ce soit de frais ici."

"Te voilà expert en euphémisme, je suis impressionnée. " se moqua gentiment la fée.

"Et encore, je me retiens...il se passe un truc."

Craignant d'abord qu'il entende à nouveau des voix, Ambre vit elle aussi qu'une lueur autre que les lanternes bleus émanait du quartier en face.

À la lueur vint s'ajouter un léger brouhaha, voir plutôt une clameur, des cris encore trop lointains pour pouvoir les comprendre.

"Cache-toi!" ordonna la fée.

"Pourquoi? On ne sait même pas ce qu'il se passe."

"Justement! Autant pouvoir juger de la situation avant de nous montrer!"

"Bonne idée."

Profitant de la proximité des bâtiments, il usa de gros débris pour escalader l'une des maison au toit plat, les ténèbres autour de lui offrant une parfaite couverture.

"Écoute-moi. Je vais m'éloigner un peu, histoire de faire du repérage, on ne sait jamais. Ne t'en fais pas pour moi, je ne serai pas très loin. Sois prudent."

Elle déposa un simple baiser au bord de ses lèvres et s'éloigna, volant en silence pour pouvoir observer la scène depuis un autre endroit.

John n'eut pas le temps de s'inquiéter pour elle, le brouhaha se rapprochant.

"REVIENS ICI! SALE ESCLAVE!!!"

Une silhouette encapuchonnée tentait de fuir à grande peine les soldats qui la poursuivait, l'un d'eux tenant une torche en plus de son épée.

Le pas mal assuré, elle ne cessait de trébucher et se cogner ici et là, de petits jappements de douleur lui échappant.

*Mais il se passe quoi, là...* se demanda John .

Un trio de soldats, mené par ce que l'aventurier prit tout d'abord pour un hybride mi-homme, mi- rongeur, rattrapait la silhouette.

*Ah ben non, c'est juste un type qui a une vrai gueule de rat...tu parles d'une tronche.*

Manquant de temps pour se moquer, il vit l'un des soldats encocher une flèche et tirer sur la silhouette.

Par chance pour elle, le projectile manqua de peu sa chair, emportant en revanche un bon morceau des haillons qui la couvrait, révélant de ce fait son visage à l'observateur qui ouvrit de grand yeux.

*Sans déconner...*

Elle était mince, maigre même, et ne devait pas avoir plus de dix-huit ans. Ses cheveux était noirs et crasseux, comme le reste de ce que laissaient voir le reste des haillons.

Mais de son anatomie, c'était bien évidemment la légère fourrure noir et blanche qui trahissait sa race, autant que les petites oreilles rondes, aussi couvertes de fourrure, dépassant de sa tignasse.

*Ce serait une anikine?*

Déstabilisée par l'attaque, elle tomba, se retournant bien vite et levant les mains pour se protéger.

Elle avait des chaines aux poignets et chevilles, et ce n'étaient surement pas les petites griffes remplaçant ses ongles qui allaient pouvoir l'aider.

"Pitié! Je n'ai rien fais!"

"Sale petite menteuse!" couina la gueule de rat, envoyant un coup de pied en plein dans son ventre.

"Où sont nos rations, hein!? On devait en avoir assez pour tenir trois jours de plus! Où sont-elles!!"

Un coup de pied de plus força la jeune femme à vomir tripes et boyaux, du moins à cracher un peu de bile, elle n'avait clairement pas manger depuis longtemps.

"Je...je ne sais pas...pitié, je n'ai rien...ma maîtresse m'a..."

"J'emmerde ta maîtresse! T'es seule avec nous! Tu nous appartiens tant qu'on aura pas rejoins le groupe! T'es juste bonne à passer devant pour te manger les pièges ou servir d'appas aux monstres, c'est clair!!! Tu ne mérites pas la merde que j'ai sous mes semelles, salle femme-bête repoussante!!!"

S'il en jugeait des explications que lui avait donné Ambre, il devinait que le couineur cherchait à l'insulter, la demoiselle étant plus proche de la description d'une anikine que des fameux hommes-bêtes.

"Pitié...pitié..." pleurait-elle, bien trop faible pour luter, ce qui semblait amuser le duo rester en retrait autant que son tortionaire.

*Bon, j'en ai assez vu...*

Sans bruit, il se redressa, visualisant déjà ce qu'il comptait faire.

*D'abord près d'elle, l'archer ensuite...*

Se dépêchant pour éviter plus de tortures à l'esclave qui se prenait présentement d'autres coups, il lui fallut agir vite.

"Lame de vent!" s'écria-t-il soudain, passant à l'attaque.

Le sort parti en direction du rat qui, se retournant un brin trop tard, vit l'un de ses avant-bras s'envoler loin de son corps, emporté par la lame venteuse.

Son hurlement déchira la pénombre, attirant forcément l'attention des deux autres.

Sautant du haut du toit, à peu près trois mètres au-dessus du duo restant, il profita de la surprise pour fondre, épée déjà sortie, sur l'archer qui n'eut pas le temps de se demander qui l'attaquait qu'une immense entaille lui ouvrait déjà le ventre, libérant ses organes internes.

Le second était armé, épée dans une main et torche dans l'autre.

"Prends ça!" s'écria-t-il, abatant son épée sur John.

Par réflexe plus que maitrise, l'aventurier se protégea avec son épée. La lame du soldat, frappant celle elfique de notre héros, se fit trancher, l'acier simple ne pouvant résister au métal enchanté.

"Pas de bol." dit simplement John, profitant de la stupeur du soldat pour lui enfoncer sa lame dans la gorge.

Débarrassé du duo, il se tourna vers le rat qui, déjà avait sortit non pas son arme, mais un parchemin.

"Je reste pas là! Crève dans cet enfer toute seule, sale esclave!" cracha-t-il un dernière fois avant d'activer le parchemin magique qui le fit disparaître.

*Merde, j'aurais pu m'en servir de ce truc...bon ben tant pis.*

Jetant un coup d'œil aux deux hommes morts, il médita un instant sur le fait qu'il avait, pour la première fois, prit la vie d'êtres humains.

*C'est étrange...je n'ai pas plus de scrupule à les avoir tué que pour les monstres...plus tard les questions existentielles!*

Portant son attention vers l'esclave, il la vit tenter de s'éloigner le plus discrètement possible à quatre pates, jappant de peur lorsqu'elle le regarda par-dessus son épaule.

"Attend! Je ne te veux aucun mal!"

Il s'approcha et elle essaya de partir plus vite encore, mais sa faible consistance la fit s'écrouler.

Incapable de fuir, elle se roula en boule tel un petit animal terrifié, attendant sa fin qui, de son point de vue, n'allait sans doute plus tarder.

Ne sentant rien venir, elle finit par jeter un rapide coup d'œil, ouvrant grand les yeux lorsqu'elle vit l'homme assis en face d'elle.

John avait bien sûr rangé son épée, prenant même soin de la déposer plus loin et de garder les mains visibles pour montrer sa bonne fois.

"S'il-te-plaît, écoute-moi. Je ne suis pas un danger pour toi."

"Vous...vous les avez tué...pourquoi?" bégaya-t-elle, terrifiée.

La question simple laissa néanmoins l'homme un peu pensif.

*C'est vrai tien, pourquoi? Après tout, j'ignore les us et coutumes de ce monde. Peut-être que ce que ces types faisaient est tout à fait toléré ici...aurais-je commis une erreur?...Non mais et puis quoi encore!? Je vais tout de même pas m'excuser d'avoir sauver cette fille, si?*

"Ils te faisaient du mal...j'ai l'impression que si je ne les avais pas arrêter, cela aurait pu être pire encore."

"Mais je...je suis une esclave."

Elle dit cela d'une façon telle que l'évidence, échappant pourtant à l'homme, semblait être d'une logique infaillible dans ce monde.

"...Et?"

Mais bien sûr, John ignorait presque tout de ce monde.

Surprise par la question en retour, la demoiselle déglutit, incertaine et toujours apeurée.

"Je...je ne comprend pas, Monsieur...je suis une esclave, ma vie...ma vie est sans valeur comparée aux leurs...vous...vous avez tué deux soldats pour protéger une esclave? Ce n'est pas...c'est anormal, interdit."

L'homme écouta, puis se contenta de hausser les épaules.

"Ce qui est fait est fait. Je t'ai vue en danger, j'ai agi. Si ce n'était pas la chose légale à faire, tant pis."

Il ignorait à son regard si elle le prenait plus pour un fou ou pour un monstre, mais il était clair que ce n'était pas un sentiment des plus joyeux qui dominait.

L'un de ses pieds toucha le sol froid et humide, lui faisant serrer les dents pour masquer une évidente douleur.

"...fais-moi voir." demanda-t-il, ce qui lui fit reprendre un position plus recroquevillée.

"Tu es blessée, laisse-moi voir." demanda-t-il un fois de plus, mettant dans sa voix toute la douceur du monde.

Elle le scruta de ses yeux émeraudes, puis jeta un coup d'œil aux deux morts, sembla peser le pour et le contre et, se disant sans doute qu'elle n'avait pas le choix, dévoila ses pieds meurtris.

"Tu n'as pas de chaussures, de botes?"

"Je suis une esclave." répondit-elle simplement, comme si cette réponse était l'évidence.

John vit les pieds légèrement velus couverts de blessures, coupures et autres bleus, des cicatrices plus anciennes montrant que sa condition ne datait pas d'hier.

"Avec le froid qu'il fait, tu dois horriblement souffrir...Attend."

Il prit son outre magique et laissa l'eau claire couler sur les pieds sales, un petit jappement de douleur échappant à la demoiselle.

"Que faites-vous?!"

"Si je veux pouvoir t'aider, je dois commencer par nettoyer tes blessures. Cette eau est saine, ne t'en fais pas."

"Mais vous gâchez de l'eau pour moi! Ce...je ne mérite pas ce sacrifice, je..."

"Calme-toi, tout va bien. Cette outre est magique, jamais elle ne se vide. Observe..."

Hypnotisée par l'artefact qui tenait ses promesses, elle en oublia les pincements que lui infligeaient les coupures et plaies qu'on lavait de la crasse.

Une fois que ce fut fait, John sortit deux ou trois choses du Havresac.

*Alors si je me souviens bien de ce qui était écris dans le grimoire d'alchimie...voilà!*

Mettant la main sur un onguent, il l'appliqua sur les blessure, la forte odeur de plantes bien moins dérangeante que le mal qu'endurait sa patiente.

"C'est brulant!" gémit-elle.

"Normal, ça te soigne. Ne t'en fais pas, la sensation de brûlure passera vite. À présent, un bandage..."

Usant d'une des nombreuses bandelettes trouvées dans le laboratoire, il couvrit les plaies soignées.

"Reste là et tâche de na pas poser les pieds au sol."

Sans doute plus par habitude que confiance, elle obéit à l'ordre qu'on lui donnait.

Elle l'observa tandis qu'il fouillait les deux corps, comparant les deux soldats avant de finalement dépouiller l'archer de ses botes.

"Des deux, je pense que c'est lui qui a la pointure la plus proche de la tienne. Fais un test pour voir."

"Mais...je ne peux pas...prendre les botes d'un soldat, c'est..."

"J'en ai rien à foutre que ce soit interdit. Il est mort, pas toi, tu en as plus besoin que lui. Tu les essaies ou vais-je devoir te les enfiler moi-même?"

Obtempérant malgré ses hésitations, elle parvint à mettre les chausses sans problèmes, la pointure quasi similaire qu'elle partageait avec l'homme facilitant la chose.

"Très bien, on avance. Attends-moi ici une minute..."

La laissant tranquille, il retourna près des corps et les fouilla sans hésitations, récupérant leurs effets, bourses et autres équipements, se disant que ça pouvait être utile un jour.

"Vous allez les laisser là?" demanda l'esclave.

"Je ne compte pas revenir de toute façon. Ce sera de la nourriture pour les monstres, rien de bien méchant...quoi?"

Voyant le regard horrifié de la demoiselle, il soupira et tira les deux corps vers le bord du précipice entourant le plateau. Les poussant du pied, il envoya les deux corps dans les ténèbres.

"Voilà voilà, plus de corps...contente?"

Ne lui répondant toujours pas, elle semblait hésiter quoi dire ou faire.

"...John."

"...Pardon?"

"C'est mon nom. Je m'appelle John. Et toi?"

"...Lin-Lin..."

"Très bien Lin-Lin. Je compte aller dans cette direction et, si possible, passer la nuit dans cet ancien poste de garde. Je compte m'y faire à manger, un bon feu, dormir tranquillement et, une fois bien reposer, je repartirai pour sortir de cet endroit. Je ne te **** à rien, mais si tu souhaites me rejoindre, tu es la bienvenue. Dans cette direction, vers laquelle tu fuyais tout à l'heure, tu trouveras des ruines à moitié écroulées, des reste des squelettes et cadavres de monstres dont...il ne reste pas grand chose vu que je les ai dépouillés de tout ce qui pouvait être intéressant. Si tu persévère pendant une demi-dizaine de jours, tu trouveras l'antre d'un dragon noir acariâtre qui, soyons clair, n'est pas d'humeur à recevoir de la visite. Je pense ne rien avoir oublié...ha si, évite de tomber, j'ai cru comprendre que la chute ne pardonne pas par ici..." ajouta-t-il en montrant distraitement les ténèbres sous les tours.

Ramassant son épée, il s'en servit pour trancher les chaines retenant la demoiselle, recevant un cri de surprise en retour.

"Dans un sens comme dans l'autre, tu bougeras mieux sans ça. Je suis désolé si je t'ai fais peur, mais je ne regrette pas de t'avoir aidé...Bonne route!"

Tournant le dos à la demoiselle, il lui accorda un petit signe de main en se dirigeant vers le poste de garde.

Lin-Lin resta un long moment seule à contempler les ruines qui s'étendaient devant elle. Au loin, il lui semblait pouvoir percevoir d'inquiétants bruits et, outre la faible lueur des lanternes, elle avait l'impression que seules les ténèbres habitaient ces lieux.

Qui plus est, son odorat développé d'anikine lui indiquait mille et un danger...ainsi qu'un fumet exquis de viande?

Tournant la tête vers le poste de garde, elle pouvait apercevoir la lueur ambrée d'un feu de camp, entendre un léger sifflotement provenant sans doute de son sauveur qui la terrorisait, et surtout sentir cette odeur...elle qui n'avait pas manger depuis...depuis...

Un gargouillement monstrueux s'éleva de son ventre pour toute réponse.

Elle voulait fuir...elle le voulait vraiment...

Alors pourquoi donc se rapprochait-elle de cette odeur? De cette lueur?

Pourquoi cet assassin, ce tueur de soldats du Roi, lui apparaissait en cet instant comme une oasis dans un désert de danger et de malheurs?

Pourquoi s'approchait-elle de lui alors que tout en lui devait être fuit? Il était dangereux, elle le sentait au plus profond d'elle-même. Son éducation d'esclave lui intimait de tourner les talons, de retourner auprès de sa maîtresse, quitte à endurer mille punitions...

"Soit la bienvenue. Viens t'asseoir, le ragoût sera bientôt prêt."

Il ne s'était pas tourné vers elle, mais savait qu'elle était là...comment? Était-elle si prévisible?

Elle obéit sans un mot, venant se réchauffer près de cet agréable feu, bonheur qu'elle n'avait pas connu depuis son départ de la capitale.

"Je suis content que tu te sois jointe à moi. Je n'aime pas manger seule et mon amie n'est pas là ce soir."

Ils sont deux? Deux êtres dangereux comme lui? Elle se crispa à cette pensée, mais l'odeur de nourriture affaiblissait sa méfiance.

"Tiens, mange. Attention, c'est chaud."

Il lui tandis un bol où marinaient viande et champignons.

*Du poison peut-être...non, il n'a pas besoin d'artifices pour se débarrasser de moi...pourquoi donc?...*

Pourquoi partageait-il ainsi ses vivres, ses médicaments, avec elle?

Elle ne le savait pas et ça la rongeait. Elle ne le savait pas et ça l'inquiétait. Elle ne le savait pas et...et puis elle prit une bouchée.

"Je suis heureux que ça te plaise." dit simplement l'assassin, lui accordant un doux sourire alors qu'elle, dévorant le contenu de son bol, pleurait en silence.

"Mange à ton aise, personne ne te prendra ta part. Je me suis dit que tu n'avais pas mangé à ta faim depuis un certains temps, alors j'en ai fais un peu plus."

Pour toute réponse, elle tendit son bol, acceptant la nouvelle louche de ragoût qui réchauffait son cœur autant que son ventre.

"...merci..." finit-elle par bredouiller, son ventre plein lui intimant une honnête reconnaissance.

"Je t'en prie. J'ai préparé un lit pour toi. Tu pourras dormir de l'autre côtés du feu, j'aime autant garder un œil sur les entrées, on ne sait jamais..."

Voyant qu'un deuxième tas de fourrures l'attendait, elle crut bon de se pointer du doigt pour vérifier qu'il parlait bien d'elle.

"Vous...Vous accepteriez que je dorme près du feu? Mais je suis...je ne suis pas..."

"Tu n'es clairement pas assez habillée pour passer une bonne nuit dans l'ombre, c'est certain. J'invite qui je veux autour de mon feu, Lin-Lin, peu m'importe ton titre ou ta fonction. Je veillerai sur ce campement toute la nuit durant, tu as clairement besoin de repos."

Il énonçait des fais, mais ils sonnaient comme des gentillesses aux oreilles de la demoiselle qui n'avait connu guère plus que **** et mépris sa vie durant.

Perdue dans ses réflexions, elle ne remarqua pas que l'homme était plongé dans les siennes.

*Sans Ambre, je n'ai pas sa magie pour tenir éloigné d'éventuels intrus...Je me demande si...*

Les souvenirs de l'homme dans la roche tintèrent à son esprit, lui rappelant cette nouvelle forme de magie qu'il lui avait offert.

*Les runes? Pourquoi pas, cette capacité pourrait être la solution à mon problème...voyons-voir...*

Ramassant des petites pierres dans les débris, il commença à faire quelques essais.

*Celle-ci signifie chaleur ou encore feu. Si j'y insuffle mon mana...*

La pierre brilla d'un rouge vif, forçant l'homme à la lâcher pour éviter une vilaine brûlure.

*C'est pas passé loin...mais au moins je suis sûre que ça marche...que puis-je faire d'autre...*

Il compris bien vite que l'idée, l'attention qu'il mettait dans le mot qu'il gravait en modifiait l'utilité. Ainsi, la même rune gravée avec une idée de douce chaleur ne dépassa pas la température d'un galet chaud, pratique à glisser sous les vêtements pour se tenir chaud.

*Mieux encore, je pourrais graver les runes sur mon équipement pour l'enchanter...c'est surement le même genre de magie qui a servi à enchanter ma lame. Voyons voir...pour être tranquille la nuit...je sais!*

Il se leva et se dirigea vers les deux sorties du bâtiment. Il y grava les runes de 'sons' et 'alarme' avec l'intention de capter quiconque, ou quoi que ce soit, passant par la.

Réfléchissant quelques instants, il grava deux autres runes liées 'exception' et 'Ambre' pour que son amie puisse revenir sans risquer une crise cardiaque en passant les portes.

Satisfait de son travail, il revint près du feu où, emmitouflée dans les fourrures, l'esclave ne le quittait pas des yeux.

"Je te mes mal à l'aise, n'est-ce pas? Ne t'en fais pas, je ne t'approcherai pas. Maintenant que j'y pense...attend une seconde...*

Ramassant une autre petite pierre plate, il y grava plusieurs runes qu'il infusa de magie avant de lui lancer, laissant la légère pierre atterrir sur les fourrures.

"Mets-la contre toi pour dormir."

"Qu'est...qu'est-ce que c'est?" demanda-t-elle, hésitante.

"Un cadeau. Vois-la comme un porte-bonheur. Après une nuit passée avec, tu devrais te sentir mieux, crois-moi."

Il la voyait, son regard méfiant et inquiet, toujours se comporter comme un animal apeuré.

"Tu as du comprendre que j'étais bien plus fort que toi, n'est-ce pas? Pourquoi devrais-je m'ennuyer à te tromper pour te faire du mal ensuite? Je t'ai évité le sort que te réservaient ces trois-là, ce n'est pas pour prendre leur place, crois-moi. Je ne bouge pas d'ici, dors en paix."

Il n'y eut pas plus d'échange entre les deux.

La demoiselle plaça tout de même la pierre contre elle, trouvant son contact étrangement apaisant. Elle ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce que, finalement, elle ne puisse plus luter et s'endorme, son ventre enfin plein et la douceur d'un lit s'avérant bien trop difficiles à résister.

Maximilian, pour sa part, veilla bien plus tard, poursuivant sa lecture des différents grimoires, espérant voir revenir Ambre

Capacité amélioré: assimilation de connaissances.

Au moins pouvait-il se réjouir de ne pas potasser ces vieux bouquins pour rien. Il sentait combien il lui était plus facile de retenir les choses qu'il apprenait, et ne pouvait s'empêcher de rager un brin en passant aux heures passées devant des manuels scolaires insipides et dépassés.

*Que du temps perdu...Ambre, j'espère que tu vas bien...*

Il finit tout de même par fermer les yeux, se disant que faire une nuit blanche n'était pas le plus indiquer pour être efficace le jour d'après.