Une sphère de feu et une lame sur la gorge.

John ignorait combien de temps il avait dormi, mais il était certain d'une chose: sa protection pouvait encore être perfectionnée.

L'alarme se déclencha, au moins avait-il correctement préparé ses runes, mais il avait mal évalué le temps qu'il allait lui falloir pour efficacement se préparer.

Aussi, plus que le bruit, ce fut le contact froid d'une lame contre sa gorge qui le tira de sa rêverie, ça et la chaleur excessive d'une sphère de feu bien trop proche de son visage.

"Debout!" Aboya celle qui le menaçait de sa lame.

Elle était grande, autant que lui en tout cas, et pourvue d'une musculature à la fois impressionnante et fine qui, John en remercia les Dieux, n'ôtait absolument rien à sa beauté et sa féminité.

De longs cheveux noirs goudron et une peau bronzée tirant vers le verdâtre, ses yeux chocolats toisaient l'homme avec un sentiment oscillant entre la méfiance et le dégoût.

Sa lame, genre de fendoir de la taille d'une claymore devant être maniée à deux mains, était couverte de rouille, ce qui n'enlevait rien à sa dangerosité.

"Que quelqu'un face taire ce truc! On va finir par attirer toutes les créatures du coin!" ordonna-t-elle, ne quittant pas John des yeux.

Elle n'était pas seule, loin de là, une bonne trentaine de soldats la suivaient, et plusieurs d'entre eux, armés de masses d'armes, s'évertuèrent à briser les roches où avaient été gravée les runes.

Comme une alarme qu'on débranche, le son strident disparut, laissant place à un lourd silence qui sembla durer bien trop longtemps aux yeux de l'aventurier clairement dépassé en nombre.

"Bien le bonjour..." tenta-t-il, uniquement pour sentir la lame s'appuyer plus encore contre sa chair.

"Qui est-tu?!" demanda la guerrière, peu encline à parler pour ne rien dire.

"John Doe, simple aventurier et explorateur en promenade." répondit le concerné, sentant son trait d'humour tomber à plat.

"...et vous? J'ai encore de quoi faire du ragoût pour tout le monde, si le cœur vous en dit."

"On a affaire à un fou?" demanda l'un des soldats, discutant avec un de ses confrères.

"Si c'est le cas, la Capitaine va vite lui régler son compte."

"Soit sa lame, soit les flammes de Dame Alariel ...on parie?"

"Je mise sur la flamme!" intervint un troisième, semblant trouver fort intéressant de parier sur la survie de l'homme.

"Vos gueules! Laissez parler la capitaine!" ordonna un grand type large d'épaule armé d'une grande hache.

"Paron! Déployez-vous et sécurisez la zone! Cherchez les autres!" ordonna la guerrière.

"Bien, Capitaine Arca!" acquiesça son second, se frappant le torse en signe de respect avant d'ordonner les troupes.

"J'ai placé les mêmes runes à l'autre sortie...pour effrayer les monstres." Avertit John , préférant éviter de surprendre les soldats une nouvelle fois.

"Merci pour l'info. Explosez-moi ça!" ordonna Paron.

Restant seul avec la guerrière et cette sphère de feu qui lui roussissait la peau, il se décida à parler à nouveau.

"Vous comptez me tuer ou pas? Si oui, j'aimerais savoir pourquoi, si non, j'aimerais autant discuter sans lame sur la gorge..."

Un grognement de la guerrière plus tard, elle reçut une petite tape sur l'épaule.

"Il est seul, son arme est au sol et nous avons l'avantage, pourquoi ne pas d'abord parler?"

La voix provenait de derrière la sphère qui aveuglait légèrement l'aventurier, un voix douce, sensuelle même, qui fit se demander à l'homme à quoi pouvait bien ressembler sa détentrice.

"Pour info, j'aimerais autant ne pas brûler vif si je peux l'éviter..."

"Ferme-la! Alariel , j'aimerais autant le garder à portée de lame..."

"Arca , tu n'es que semi-orc, tâche de ne pas te laisser emporter..." répondit calmement l'autre, semblant habituée à devoir calmer l'ardeur de la guerrière.

*Donc, c'est à ça que ressemble une orc? Enfin, demi-orc, mais bon...pas mal du tout. Et l'aut...houlala...*

Semblant vouloir faire le premier pas, celle se cachant derrière la sphère de feu baissa ce qui s'avéra être un bâton de mage, le sort s'annulant de suite.

Elle était belle, vraiment belle.

Le genre de beauté naturelle que seuls possèdent certaines races fantastiques. Les oreilles pointues indiquèrent à John qu'il s'agissait sans doute d'une elfe, sa peau d'ébonite lui précisant qu'elle devait être une elfe de la nuit, ou elfe noire.

Elle avait de longs cheveux de platine, rassemblés en une magnifique tresse, et des lèvres couleur argent, ses yeux en amande semblables à des fragments de lune observant l'homme de bas en haut, un petit sourire mi-taquin, mi-moqueur se dessinant sur son visage.

"À voir la façon dont vous nous dévisagez, j'en déduis que vous n'avez que peu côtoyer d'autres races que la votre..."

Elle l'avait sorti de sa rêverie, heureusement avant qu'il ne s'attarde un peu trop sur son insolent décolleté offrant son imposante poitrine à la vue de tous, enfin, en partie bien sûr.

*Les elfes ne sont pas sensibles à la gravité ou quoi? Comme une telle paire de seins peut ne pas lui détruire la colonne, ni même s'affaisser...de la magie peut-être...*

"Je vous prie de m'excuser si j'ai manqué de politesse. Vous avez raison, je n'ai pas encore eu la chance de rencontrer une semi-orc ou...j'ai peur de dire une bêtise... une elfe?" tenta-t-il.

"Vous n'êtes pas tombé loin, je suis une elfe noire. Ma race n'est pas très présente dans cette région, cela n'a rien d'étonnant. Je suis bien plus étonnée que vous n'ayez jamais rencontré d'orcs...enfin, il faut dire que mon amie ici présente est un cas assez spécial, donc..."

"Il suffit Alariel ! On ne sait toujours pas qui est ce type!"

"Alariel ! Arca !"

Le duo, autant que John, se tournèrent vers l'autre côté du feu de camp.

Accompagnée de quelques soldats, une troisième demoiselle se trouvait près de Lin-Lin qui, tête baissée, semblait avoir répondu à de nombreuses questions.

Elle était bien plus jeune, sans doute pas plus d'une quinzaine d'années, et ses longs cheveux roux comme des flammes faisaient se demander à l'aventurier comment il n'avait pas pu la remarquer plus tôt.

"Princesse, tout va bien?" s'inquiéta Arca .

"Tout à fait, Lin-Lin m'a tout expliqué..."

*Et merde, je vais me faire tuer...* soupira mentalement John.

"...cet homme lui a sauvé la vie. Nos compagnons sont tombés sur un monstre qui les a terrassé, et elle aurait subi le même sort si il n'avait pas été là."

Derrière la demoiselle, John vit l'esclave lever les yeux vers lui, serrant toujours la petite pierre contre elle.

Il ne dit rien, elle non plus, mais elle put voir la reconnaissance dans ses yeux, détournant bien vite le regard.

La demoiselle s'approcha, l'elfe et l'orc se plaçant à ses côtés.

"Lin-Lin m'est chère, je vous suis reconnaissante." remercia la rousse en s'inclinant.

"Mademoiselle! Vous ne devez pas ainsi vous incliner devant n'importe qui!" gronda la guerrière.

"D'un autre côté, il est important de savoir quand se montrer reconnaissant." intervint Alariel .

"J'en conclus que...Lin-Lin est votre esclave?"

"Tout à fait. Je me nomme Alicia du Griffon, Princesse cadette de ce royaume."

La semi-orc se frappa le front, soupirant, tandis que l'elfe masqua un petit rire derrière sa main.

"Si c'est un secret, je resterai muet..." promit Maximilian en voyant leurs réactions.

"Vu le peu de chance que vous avez de partir vivant d'ici, je veux bien vous croire." répondit Arca .

"Vous en voulez toujours à ma vie? Mais que vous ai-je donc fait?"

"J'ai un mauvais présentiment te concernant...j'aime pas ton air..." grogna la guerrière, passant devant la princesse pour toiser l'homme de près, son visage si proche qu'il pouvait voir son visage se refléter dans ses yeux.

Une dangereuse palpitation se fit sentir lorsque le parfum de la guerrière atteignit ses narines, et ce n'est qu'à grand renfort de contrôle de sois et de pensées érotiquement dévastatrices à base de grand-mères nues et autres trucs du genre qu'il parvint à rester maître de son anatomie.

Néanmoins, sans pouvoir dire si une soudaine envie suicidaire lui était passée par la tête ou bien si l'agressivité de la femme le poussait à la taquiner un peu, il ne put s'empêcher d'afficher un petit sourire innocent.

"Vous savez...si proche et sans lame sur ma gorge, je dois admettre que vous êtes vraiment très belle."

La princesse fut surprise, Alariel pouffa, et la semi-orc vit rouge, du moins est-ce ainsi que la main autour de la gorge de l'homme lui fit comprendre.

"Répète un peu!" aboya-t-elle, le soulevant du sol.

Un brin masochiste sur les bords, il ne put s'empêcher de poursuivre.

"Pardon, j'ai manqué de précision. J'aurais du dire forte...belle et forte, quelle magnifique combinaison..."

Le poing qu'il se prit en plein visage valait le coup, car il pouvait jurer avoir vu, une fraction de seconde, une pointe de rougeur passez sur le visage de la guerrière.

Il vola sur un mètre ou deux, arrivant près de son épée.

"Ramasse ton arme! Je vais te trucider!!!!" ragea-t-elle.

"Arca , ne commence pas." supplia la magicienne.

"Il a osé se foutre de moi! Je vais me le faire!!!" promit la guerrière, avançant d'un pas.

"Arca ! S'il-te-plaît!" intervint la princesse, parvenant à stopper la brute.

"Princesse! Je..."

"Il pourrait nous renseigner! Nous ne savons rien de ce niveau, personne n'est arrivé jusqu'ici! Et lui, il est là, peut-être que...tu sais..."

Elle ne devait pas faire plus de la moitié de sa taille, mais la petite demoiselle parvint à calmer la guerrière qui, soufflant comme un taureau, revint se placer derrière elle.

"S'il fait le moindre geste suspect, je lui arrache les bras." promit-elle.

Leurs échanges avaient laissé à John le temps de se relever, profitant de ce moment pour rattacher son fourreau à sa ceinture.

"Hé ben, vous avez un sacré punch, je suis impressionné..." complimenta-t-il, ne recevant qu'un regard dédaigneux en retour.

"Monsieur Doe, j'aurais quelques questions à vous poser." demanda la princesse.

"Bien sûr, si je puis y répondre, ce sera avec joie. Mais, je vous en prie, appelez-moi John, c'est ainsi que m'appelle mes amis."

"Ses amis..." pouffa Arca , bras croisés.

"Votre Princesse est tenue en très haute estime par Lin-Lin, et j'ai la très nette impression que cette jeune femme sait faire montre d'un excellent jugement de personnalité. Alors oui, j'aimerais considérez votre Princesse comme une amie...du moins informellement, le temps d'une discussion au coin du feu. Qu'en dites-vous? Les fourrures seront plus agréables que la pierre froide pour discuter, non?" proposa John en désignant son feu de camp.

"J'imagine que ce n'est pas le pire qui puisse nous êtres proposé." admit la demoiselle, l'elfe acquiesçant elle aussi.

John s'assit, autant que le fit la princesse. Alariel se servit d'une des fourrures pour recouvrir un gros morceau de roche et s'en servit comme siège. Quant à Arca , elle restait debout à toiser l'aventurier, un main sur son épée.

"Et donc...vous vouliez me demander quelque-chose?"

"Capitaine! On a trouvé du sang et un bras tranché là-bas! Pas de corps!" prévint Paron en revenant avec le groupe de reconnaissance.

"Et si on commençait pas ça. Tu nous expliques ce qu'il s'est passé?" grogna la semi-orc, semblant de plus en plus tentée de lui fendre le crâne.

"Bien sûr. Comme vous l'a expliqué Lin-Lin, les trois soldats qui l'accompagnaient se sont fait attaquer par un champizard."

"Un champizard! Ho non, les pauvres..." s'exclama la princesse.

"J'en déduis que vous voyez de quelle créature je veux parler. Ils ont apparemment été surpris durant la nuit. Deux étaient morts à mon arrivée, ce n'est que par chance que je suis parvenu à sauver Lin-Lin. Elle allait subir je ne sais quelle horreur avec ce monstre, je suis heureux d'être arrivé à temps..."

Un coup d'œil en direction de la concernée lui montra qu'elle l'écoutait parler.

"Si ils étaient déjà morts à ton arrivée, comment peux-tu savoir qu'ils ont été surpris? Mieux, comme sais-tu qu'il étaient trois? On a pas trouvé les corps." demanda Paron.

"L'archer n'avait pas ses botes, j'en conclu donc qu'il s'est dépêché pour rejoindre ses amis. Lui et un autre s'étaient fait éventrer sur le plateau, le troisième...comment dire, celui avec un facies ingrat, genre rongeur, s'est tranché le bras pour se libérer du champizard qui le tenait et à usé d'un parchemin pour s'enfuir. J'admet que, techniquement, je ne peux pas être sûr que le troisième est mort, mais avec un bras en moins...disons qu'il aura de la chance s'il survit."

"On a bien trouvé le bras."

"Et les corps? Et le champizard?"

"Le champizard est mort, bien sûr. J'avoue que le fait qu'il me tourne le dos et soit occupé avec l'autre soldat m'a offert une opportunité. Un coup de lame bien placée au niveau de la nuque et c'était fini. Pour les corps ben...désolé, mais vous ne les trouverez pas."

Voyant les regards assassins, il se dépêcha d'enchaîner.

"Comprenez-moi! Ils étaient morts, et leurs cadavres allaient sans doute possible attirer d'autres monstres. Je me suis débarrassé des dépouilles en les jetant dans le vide...c'était ça ou risquer de me faire surprendre par des champizards au réveil."

"C'est...plausible. Il y a bien des traces de sang qui mènent au précipice." admit Paron.

"Si je peux me permettre, j'ajouterai que Lin-Lin était contre l'idée. Je suppose qu'elle voulait vous laisser juge des décisions à prendre. Ne sachant pas qui vous étiez et, surtout, devant avant tout me préoccuper de notre sécurité, j'ai agis au mieux."

"AU MIEUX MON OEIL!!" ragea Arca , semblant ne plus pouvoir tenir. Elle empoigna son épée et menaça l'homme avec.

"Je vous dis qu'il les a tués! Cet homme pue le sang à plein nez!"

"...De champizard. C'est le sang de champizard que vous sentez sur moi. Comment croyez-vous que je me suis procuré les ingrédients de mon ragoût? Quitte à mettre un monstre à mort, autant récupérer ce qui peut l'être."

Il ignorait si c'était sa réponse ou son absence de peur face à sa lame qui l'énervait le plus, mais Arca montrait les dents comme un animal sauvage en voulant à sa chair.

"C'est ce truc qui sent si bon?!"

Ce fut Paron qui brisa la tension, ouvrant le chaudron ou les restes du repas d'hier avaient doucement mijoté les quelques heures de sommeil qui lui avait été accordées.

"Vous cuisinez le monstre? C'est impressionnant." admit Alariel .

"J'ignore si c'est une capacité rare, mais elle m'est très utile. Servez-vous si vous voulez, je pourrais toujours en refaire.

"Que personne ne touche à cette nourriture! À tout les coups, c'est empoisonné!" ordonna Arca , ayant rabaissé son arme à contrecœur.

"Bien sûr, parce que je savais d'avance que j'allais me faire réveiller par une lame sur ma gorge et une boule de feu parée à me roussir les poils de nez." se moqua gentiment John.

"Toi, tu m'emmerdes..." menaça Arca .

"Et vous je dois dire que votre numéro de chien enragé à deux pièces de bronzes est assez fatiguant. Cela fait plusieurs fois que vous interrompez votre Princesse dans sa discussion, est-ce monnaie courante dans ce royaume ou bien c'est juste vous?"

"JE VAIS TE...!!!"

"Arca ! S'il-te-plaît!" gronda Alicia , ce qui était assez cocasse vu le timbre enfantin de sa voix.

"Je...pardon, Princesse." s'excusa la guerrière.

"Je vous assure que cette nourriture n'est pas empoissonnée, et j'en ai pour preuve que Lin-Lin et moi-même en avons mangé. Demandez-lui si vous ne me croyez pas."

Plusieurs têtes se tournèrent vers la concernée qui, peu à l'aise d'être le centre d'attention, se contenta d'acquiescer.

"Bon ben, dans ce cas..."

Les soldats, admirablement ordonnés malgré la faim qui semblait les ronger, se partagèrent la moitié de chaudron dont John avait prévu de se faire des réserves dans l'Havresac.

*Tant pis, je devrai en refaire...*

"C'est super bon en fait! Je savais pas qu'on pouvais cuire du champizard, j'ai toujours entendu dire que leur viande crame beaucoup trop vite." s'étonna Paron.

"Le secret, c'est de la faire bouillir, mariner ou de la protéger avec un certain type de verdure. Il faut à tout prix éviter un contact direct avec le feu."

La princesse et l'elfe ne purent s'empêcher de goûter elles aussi, partageant visiblement l'avis des autres.

"Tu n'en veux pas, Arca ? C'est vraiment exquis..." proposa Alariel .

"Nan!"

"Comme tu veux, râleuse..."

"...Et donc, votre question?" proposa John.

"Oui, j'y viens. Auriez-vous par hasard entendu parler de l'être qui habite ce donjon? Nous le cherchons et toute information que vous pourriez nous donner..."

"Le dragon noir, vous voulez dire?"

"Vous savez où il se trouve?" demanda de suite la demoiselle, heureuse de voir qu'il en savait au moins un peu.

"Vous êtes au bon niveau. Une demi-dizaine de jours à parcourir ses ruines et vous arriverez à son antre. Elle n'est pas très accueillante par contre, je vous préviens."

"Elle?"

"C'est une dragonne."

"Ho...et bien, il nous faut absolument la rencontrer!"

Un petit silence gênant suivit, un silence que John se devait de briser.

"...Pourquoi? Vous manquez d'invités de marque pour votre prochain bal?"

Il vit bien sûr le regard mécontent de la guerrière, mais il se félicita d'entendre aussi quelques soldats et l'elfe noire pouffer.

"Non non, pas du tout...c'est juste que...tenez, regardez ceci..."

Sortant un parchemin plié de sa poche, elle le laissa observer ce qu'il représentait.

Une espèce de bouclier sur lequel avait été dessiné un griffon rugissant y figurait.

"C'est joli...qu'est-ce donc?"

"L'emblème du griffon, le symbole de ma famille. Nous avons de bonnes raisons de penser que le blason original est en possession de cette dragonne."

Arquant un sourcil, John reconnut l'un des blasons qu'il avait dérobé au teigneux lézard.

"Et...j'imagine qu'il a une valeur toute particulière à vos yeux, c'est ça?"

"Il est inestimable. S'il devait tomber entre de mauvaises mains, cela mettrait en péril tout le royaume." expliqua la princesse.

"Et...pardonnez ma question mais, pourquoi ne pas envoyer l'armée entière pour le chercher dans ce cas? Une trentaine de soldats et une jeune Princesse, ça semble un peu léger, non?"

Il comprit que sa dernière phrase passait assez mal et se corrigea.

"Ne le prenez pas comme une insulte, je suis sincèrement curieux. Vos parents sont...enfin, j'imagine qu'ils ne doivent pas être aux anges de vous savoir ici, si?"

"Mon père est...mon père sera ravi de me voir revenir avec le blason." finit par annoncer la demoiselle, sûre d'elle.

"Ha bon...j'imagine que cette raison en vaut une autre...la dragonne n'a pas votre blason."

"Comment peux-tu le savoir?!" aboya Arca .

"C'est moi qui l'ai." répondit simplement John, son ton de l'évidence bien plus saisissant que n'importe quel cri de guerre.

Voulant éviter des nouvelles questions et échanges inutiles, il fouilla dans l'Havresac et en sortit la pièce, faisant se raidir l'assemblée.

"Vous...mais...comment?" interrogea la princesse, au moins aussi curieuse que les autres.

"Je vous ai dit qu'elle n'était pas d'humeur, non? Il se peut que lorsqu'elle découvrira ses salles aux trésors vidées, elle soit d'encore moins bonne humeur."

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Cachant quelques détails qui ne regardaient que lui, tel que Ambre, par exemple, John expliqua au groupe de la princesse qu'il s'était fait un ennemi de la dragonne sans même le vouloir et que, faute de mieux, avait décidé de se servir dans ses trésors.

"C'est...c'est incroyable! Notre quête va enfin toucher à son terme!" se réjouit l'héritière.

"Il ne nous a pas encore donné son prix..." rappela Arca , toujours aussi méfiante.

"C'est vrai, je ne l'ai pas encore fais...c'est inestimable, ce sont bien vos mots, pas vrai?"

"On pourrait simplement te le prendre, je ne vois pas ce qui nous en empêche..." menaça Arca .

"Ou vous pourriez le gagner..."

Plusieurs choses s'étaient passées ces dernières minutes.

Outre l'effet ras-le-bol que lui procurait la guerrière et une envie sadique de la faire descendre de ses grands chevaux, John avait aperçu le discret signal que lui avait lancé Ambre, bien à l'abris des regards du reste du groupe plus que concentré sur le précieux blason.

"Je dois bien avouer que l'or est les richesses ont leur attrait, mais je ne manque pas de liquidités...ce dont je manque, par contre, c'est de divertissements. Arca , depuis le début de cet échange, vous m'avez menacé, traitez comme un moins que rien et, n'ayons pas peur des mots, méprisé au possible. Je vais vous offrir ce que vous voulez: un duel..."

Il vit les pupilles de la femme se rétrécir: elle mordait à l'hameçon.

"Je n'en ai pas l'air, mais j'apprécie un bon combat. Cependant, de là d'où je viens, ce genre de chose ne se fait pas en public. Vous et moi, seuls, sur le plateau que vos hommes on déjà fouillé et sécurisé. Gagnez, et le blason est à vous. Perdez..."

"Je ne perdrai pas..." le coupa-t-elle, une espèce de faim dans la voix.

"Nous verrons bien. Qu'en dites-vous?"

"Monsieur John , êtes-vous sûr de vous? Arca est l'une de mes gardiennes, une maître épéiste, vous...vous ne préférez pas autre chose?" demanda la princesse, inquiète pour lui.

"Je prends note de votre sollicitude, Princesse. Si ma mort doit venir, ce sera selon mes conditions, et je ne crains pas votre gardienne."

Il la provoquait volontairement, mettant en place son piège.

"Princesse...laissez-le moi...s'il-vous-plaît..."

La demoiselle tourna les yeux vers sa gardienne, devant se forcer pour ne pas reculer lorsqu'elle vit l'immense sourire carnassier qu'elle affichait.

La semi-orc passa à côté d'elle pour venir une nouvelle fois se placer tout près de l'aventurier, humant l'air autour.

"Toi...j'ai envie de te faire la peau depuis le début...j'accepte ton duel..."

Brayant, elle ne laissa personne ne pas entendre ses ordres.

"Que tout le monde reste ici! C'est un duel! Si j'en vois un seul nous suivre, il connaitra le même sort que lui!"

S'adressant ensuite à son adversaire, elle poursuivit.

"Toi, moi, le plateau. MAINTENANT!"

Se relevant le plus calmement du monde, John s'étira en remettant le blason dans sa bourse magique.

"Après vous."

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