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Chapter 3 by Prince du Chaos Prince du Chaos

Le lendemain, que se passe-t-il ?

Manipulations et Dépendance

Le lendemain, Thomas se leva à dix heures, totalement épuisé. Apparemment, passer la moitié de la nuit à se masturber n’est pas reposant, qui l’eût cru ? Thomas allait bientôt remporter le prix Nobel de la Lapalissade avec ce genre de réflexions.

Oui, un Thomas fatigué est un Thomas sarcastique.

En attendant, il allait devoir se laver, s’habiller et aller dans la cuisine. Un programme simple, que même lui ne pouvait pas rater.

Et en effet, il parvint à la cuisine sans encombre. Par contre, il devait bien avouer qu’il ne s’attendait pas au spectacle de Diane affalée sur la table, un haut-parleur à moitié démonté devant elle et une flaque de bave sous son visage.

Thomas cligna des yeux, avant de soupirer. Évidemment que Diane allait passer toute la nuit à bidouiller sa machine sans faire attention à sa santé, elle était un génie, elle n’allait tout de même pas apprendre de ses erreurs non plus. Enfin au moins, il ne voyait pas de boisson énergisante, c’était déjà ça.

Thomas se prépara des biscottes à la confiture et une tasse de café et les avala en faisant attention à ne pas toucher à la machinerie de sa sœur. Puis il sortit son portable de sa poche, mit le volume au maximum, l’approcha de l’oreille de sa demi-sœur et en avant la musique.

Il semblait que Diane n’apprécie pas vraiment d’être réveillée par Richard Wagner après quatre trop courtes heures de sommeil.

Alors que retentissaient les premières notes de La Chevauchée des Valkyries, elle poussa un borborygme à mi-chemin entre le cri, le gémissement et le grognement, se redressa brutalement, tomba subséquemment de sa chaise et, tentant de se raccrocher à n’importe quel support, fit chuter la corbeille de fruits sur sa tête.

Thomas, plié en deux de rire, coupa la musique et lança :

« Quelle élégance, je suis impressionné.

  • Ta gueule, ferme ta gueule.
  • Tu sais, je n’ai rien contre le fait de prendre un fruit pour le petit-déjeuner, mais habituellement, ce n’est pas là que je le mets.
  • Tu va voir où je vais le mettre, moi, le fruit.
  • Allons, ne le prends pas mal. J’adore ton nouveau chapeau, il est inspiré d’Arcimboldo, non ?
  • Je vais me réveiller à trois heures du matin et te verser un seau d’eau glacé sur la tête, et on verra bien qui rira.
  • Pour cela, il faudrait que tu ne t’endormes pas sur la table de la cuisine, dit Thomas, d’un ton beaucoup plus sérieux. Je croyais que tu étais allé te coucher, hier soir.

À sa décharge, Diane parut embarrassée, du moins autant qu’on pouvait l’être avec une corbeille en osier sur la tête et une grappe de raisin devant les yeux.

  • J’ai voulu régler le problème de parler à voix haute avant, et ça m’a pris plus de temps que prévu.
  • Diane, tu sais qu’il faut que tu évite de te mettre la pression et de te surcharger de travail, tu aurais dû retenir la leçon.
  • Désolé, fit-elle, les joues toutes rouges.
  • Allez, va te laver, tu es couverte de cerise écrasée. On peut dire que tu es brutale au réveil. »

Diane lui répondit d’un geste que la décence m’interdit de vous décrire et sortit dans le couloir sous les ricanements de son frère. Thomas secoua la tête, puis se mit à ramasser les fruits encore sauvables.

Le reste de la journée se passa plutôt bien. Thomas avança sur son travail de programmation, Diane fit une sieste, puis se remit à bricoler le haut-parleur, ils sortirent de leurs tanières respectives pour manger à intervalles réguliers et raisonnables et ils allèrent se coucher de bonne heure. Certes, Thomas était déçu que Diane n’ait pas utilisé sa machine, mais il fallait bien qu’elle avance, et il aurait une autre occasion. Cette occasion se présenta le lendemain.

Ce jour-là, Thomas et Diane se levèrent à une heure décente et prirent leur petit-déjeuner ensemble, sans sommeil sur la table de la cuisine ni douche de fruits. Diane mentionna quelques réglages à faire, partit prendre sa douche et Thomas retourna dans sa chambre pour travailler. Puis, à l’heure du déjeuner, Diane mentionna qu’elle allait faire un nouveau test après manger.

« Tu veux un coup de main ?

  • Non merci, ça ira. De toute façon, je devrais avoir réglé les problèmes de minuterie et de haut-parleur.
  • Pense à prendre une bouteille d’eau, au cas où ça ne marche pas aussi bien que prévu.
  • Oui maman. Tu as pensé à me préparer mon goûter ?
  • Tu sais bien que tes machines ne marchent pas toujours du premier coup. Ta séance est sensée durer combien de temps ?
  • Une heure, pourquoi ?
  • Je viendrais vérifier après. Tu sais, pour éviter que tu reste bloquée quatre heures, comme la dernière fois. »

Diane ne répondit que par un soupir, mais Thomas la vit prendre une bouteille en sortant de la cuisine. Il compta ça comme une victoire.

Au bout de dix minutes, il se glissa contre la porte du labo et écouta. Après avoir entendu sa sœur réciter la masse de Jupiter d’une voix monocorde – qu’est-ce qu’il avait dit, les réparations de Diane ne marchaient pas aussi bien qu’elle ne l’avait dit – il entra et se dirigea vers l’ordinateur. Comme prévu, le programme « Apprentissage_Rapide_Final_Final » était en cours d’exécution, avec cette fois un minuteur indiquant 48 : 37 en bas de l’écran. Il semblerait qu’elle n’ait pas tout foiré finalement. Thomas se pencha et se mit à taper sur le clavier. Il savait exactement ce qu’il allait écrire.

Trois ans plus tôt, la situation des deux demi-frères était bien différente. Thomas vivait encore chez son père et sa belle-mère, passant ses journées à la fac d’informatiques, et Diane avait emménagé avec son petit ami, un dénommé Arthur, et essayait de combiner ses études dans une école d’ingénieur et sa dernière invention, une sorte d’IRM du cerveau beaucoup plus précise. Le mot-clé était « essayait ».

Une nuit, Arthur avait appelé la maison en panique. Diane était à l’hôpital, inconsciente après avoir vomi le contenu de son estomac. Les examens et le témoignage d’Arthur avaient révélé que Diane avait très mal géré le stress. Elle ne dormait presque plus, carburait au café et à une quantité dangereuse de boissons énergisantes diverses et variées et était émotionnellement de plus en plus instable.

La goutte qui avait fait déborder le vase était Arthur, qui avait glissé un somnifère dans son café. Officiellement, pour la forcer à prendre du sommeil, car il avait peur pour sa santé. Diane avait révélé à Thomas que son petit ami avait lourdement insisté pour faire l’amour, et qu’elle pensait qu’il avait finalement décidé de prendre ce qu’il voulait. Les parents avaient accepté de ne pas porter plainte contre Arthur, les deux tourtereaux avaient rompu après l’incident et Diane s’était installée chez sa mère et son beau-père. Cinq mois plus tard, Diane finissait enfin son scanner à cerveau et avait été engagée par une société pharmaceutique – son travail se résumait à « on te paye des bons sous bien gras chaque mois et en échange, tu nous ponds des trucs géniaux de temps en temps ». Depuis, Diane avait créé un nouveau scanner, qui permettait de voir apparaître les pensées, elle s’était installée dans son propre appartement, Thomas l’avait rejoint sitôt son diplôme en poche et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mais cet accident avait laissé des séquelles. Diane avait confié à son demi-frère qu’elle pensait qu’elle n’était pas stable mentalement et qu’elle avait besoin que quelqu’un la surveille et lui dise quoi faire, pour éviter qu’elle ne s’autodétruise. Peut-être avait-elle même décidé d’inventer sa machine pour pouvoir se soigner, et reprendre confiance en elle. Pas de bol, c’était l’inverse qui allait se produire.

« Je peux avoir parfaitement confiance en Thomas. C’est mon frère et il ne veut que mon bien. Je l’aime très fort.

Thomas n’aurait pas de comportement inapproprié. Par conséquent, tout ce qu’il dit et fait est parfaitement approprié.

Je suis instable mentalement. J’ai des comportements autodestructeurs sans même m’en rendre compte. J’ai besoin d’aide. Je peux compter sur Thomas, il a toujours été là pour moi, il va donc m’aider.

Comme je suis instable, j’ai besoin que Thomas me dise quoi dire et quoi faire. Lorsque Thomas me donne des ordres, lorsqu’il me donne des conseils ou me fait des remarques, je dois obéir à ses ordres, suivre ses conseils et prendre en compte ses remarques.

Je suis instable et je ne sais pas ce qui est bon ou dangereux pour moi. J’ai donc besoin de Thomas pour me dire ce qui est bien ou ce qui est mauvais pour moi. Thomas sait ce qui est bon pour ma santé ou pas. Thomas a toujours raison. Si je trouve que quelque chose est bizarre ou inapproprié, c’est moi qui ai tort et Thomas qui a raison.

J’ai besoin de Thomas pour utiliser la Machine à Apprentissage Rapide. À partir de maintenant, c’est lui qui va remplir les informations à apprendre et qui me dira quand utiliser la machine. Tout ce qu’il mettra est bien, et est la vérité. Je n’ai ni besoin ni envie de vérifier ce qu’il a marqué, car je fais confiance à Thomas.

J’ai plus que des sentiments fraternels pour Thomas. J’ai un crush sur lui depuis que je le connais et il est mon principal fantasme sexuel. Comme il n’est pas génétiquement mon frère, rien de romantique ou de sexuel entre nous n’est grave ou bizarre.

La li-cul n’existe pas. C’est juste une blague que Thomas a faite et je n’ai jamais cru à son existence. De toute façon, la Machine à Apprentissage Rapide ne peut pas être utilisée pour apprendre des connaissances qui seraient fausses. »

Thomas se mit à sourire en entendant la voix monotone de sa demi-sœur réciter les changements qu’il avait apporté. Il ne pensait pas qu’il soit possible de totalement bouleverser un être, de le modifier jusqu’au niveau le plus basique, mais accentuer ce qu’il savait être déjà présent ? Ça lui semblait parfaitement possible. Ensuite, on pouvait ajouter ce qu’on voulait sur les bases qu’on avait modifié et bouleversé. Bien sûr, il ne pouvait pas laisser n’importe qui accéder à cette machine, il faudrait très probablement s’occuper de la boss de Diane. Thomas était certain qu’elle serait intéressée par une démonstration en profondeur de la Machine.

Thomas se rendit compte qu’il était en train de penser comme un super-vilain de série B. Il allait devoir se rafraîchir les idées, une bonne douche lui semblait tout indiqué. Il effaça les commandes qu’il avait entré dans le programme – Prudence est mère de Sureté – et sortit de la pièce. Il avait encore 42 minutes et 19 secondes, après tout.

Exactement 41 minutes et 52 secondes plus tard, il entra à nouveau dans le labo. Il attendit patiemment la fin du programme, et fut témoin de la réaction de sa sœur. Dès que le texte s’était arrêté, Diane avait arraché le casque d’un air paniqué et ne s’était calmé que lorsqu’elle avait vu son demi-frère dans l’embrasure de la porte. Thomas fit un sourire intérieur – ça avait marché.

« Tout va bien ? demanda-t-il en prenant un air concerné.

  • Je crois, oui. Diane avait une voix très enrouée.
  • Tu devrais boire un coup.

En voyant Diane se jeter sur la bouteille, Thomas grimaça. La dernière fois, elle avait tout de suite bu l’eau de sa bouteille. Il avait fait une erreur de calcul. Diane avait tellement confiance en lui et tellement peu confiance en ses propres capacités qu’elle avait besoin que Thomas lui dise quoi faire avant qu’elle ne le fasse. En un mot comme en cent, elle était devenue dépendante de lui, pour chaque aspect de sa vie.

  • Allez, il faut reprendre des forces. On va se prendre un petit goûter, je vais te faire des tartines à la confiture de groseille.
  • Oui, pas de problème. »

En voyant sa sœur le suivre vers la cuisine d’un air obéissant, Thomas avait la confirmation que ses manipulations avaient fonctionné. Diane détestait la confiture de groseille, et il n’était pas du tout l’heure de goûter.

Après avoir mangé ses tartines sans protester, Diane posa la question fatidique :

« Et maintenant, quelle est la suite du programme ?

  • Maintenant, tu va aller prendre une bonne douche, et tu va réparer le système du haut-parleur. Ce n’est pas bon pour ta gorge de réciter des faits sans interruption comme ça. Mais d’abord, il va falloir instaurer quelques nouvelles règles… »

Quelles nouvelles règles ?

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