En transport en commun.

Carole n'hésita pas longtemps avant de faire son choix. Elle avait déjà eu l'occasion de se retrouver bloquer sur l'autoroute par les embouteillages et savaient qu'elle risquait de rester coincer un bon moment. Et quitte à aller à pied à l'école, autant essayer d'abord de passer par l'arrêt de bus, avec un peu de chance elle pourrait en avoir un… Elle fit une bise à sa mère et partit d'un pas rapide vers l'arrêt de bus en se disant qu'elle avait assez perdu de temps comme ça!

L'étudiante arriva rapidement à l'arrêt quoiqu'un peu inquiète de n'avoir vu aucun bus passer sur son chemin. Cependant elle y trouva plusieurs personnes qui attendaient aussi un bus alors elle avança pour leur poser des questions:

«Bonjour, excusez-moi mais est-ce que vous savez si un bus va bientôt passer?

• Quelle ligne ?, lui demanda une vieille femme.
• La ligne 12, celle qui va vers les universités.

• J'sais pas trop, ça fais bien une bonne demi-heure que j'attends sans voir passer de bus.»

  Carole grimaça, la grève avait vraiment l'air d'être sérieuse et elle regrettait déjà de ne pas avoir tenté sa chance avec la voiture. Elle aperçut du coin de l'œil un jeune garçon qui semblait essayer de lui parler et elle se tourna vers lui. Il faisait une tête de moins qu'elle et avait un visage encore enfantin. Il portait sur les épaules un sac qui semblait bien lourd et devait être collégien ou peut être au début du lycée. Il était rouge comme une tomate et n'osait pas la regarder dans les yeux. Carole ne put réprimer un sourire quand elle comprit qu'il ne levait pas la tête car il matait intensément son décolleté.

  «Oui ? demanda-t-elle d'une voix douce

• Euh… C'est que… euh…, disait le garçon en déglutissant plusieurs fois. Y a mon pote Rémy qui prend le bus plus haut et euh…
• T'inquiète pas je vais pas te manger mon gars, l'encouragea-t-elle en riant.

• Il vient de m'envoyer un sms pour me dire qu'il est dans le bus et qu'il arrive… Et euh c'est un 12.»

  Il n'avait pas levé les yeux une seule fois, trop occupé à mater les seins de Carole. Elle avait presque oublié l'effet qu'une paire de seins bien fournie pouvait avoir sur un collégien. Contente d'apprendre qu'un bus arrivait, elle lui plaqua un petit bisou sur la joue et le remercia. Il devint encore plus rouge et s'éloigna d'elle sans oser répondre. L'étudiante entendit le reniflement réprobateur que laissa échapper la vieille dame mais n'y preta pas attention. De toute façon elle n'était pas du genre à se taper des petits gamins, ce qu'elle aimait c'était les hommes, les vrais! Celui-ci avait juste eu le mérite de la faire rire par son attitude maladroite et de la détendre un peu. Elle se replongea dans l'attente de son bus.

  Effectivement, un bus de la ligne 12 ne tarda pas à arriver, à moitié rempli. Elle grimpa à l'intérieur, suivie par le collégien qui s'empressa d'aller s'asseoir à côté de son pote et de lui parler à voix basse. Carole se doutait légèrement de quoi et cela la fit sourire à nouveau. Elle hésita un moment à s'asseoir en face d'eux pour les taquiner un peu mais elle ne tenait pas particulièrement à passer pour une dragueuse d'enfant. A la place, l'étudiante alla s'asseoir au fond du bus, seule, comme elle le préférait, et regarda défiler le paysage urbain. A l'arrêt suivant plusieurs personnes descendirent et une demi-douzaine de jeunes grimpa dans le bus. Ils étaient l'image type de la jeune racaille de banlieue. La plupart de type maghrébin, habillés en sweat et jogging tombant sur leurs cuisses, ils parlaient fort, trop fort, et faisaient profiter tous le bus de leur conversation. Carole se sentit mal à l'aise quand l'un d'entre eux commença à gueuler sur un petit vieux qui leur avait demandé de faire moins de bruit.

  Le malaise de l'étudiante se changea en inquiétude quand elle remarqua que les racailles commençaient à la montrer du doigt en s'esclaffant et en la matant avidement. L'arrêt suivant était en pleine zone industrielle mais Carole se demanda s'il ne fallait pas mieux qu'elle descende là avant qu'ils ne se décident à l'aborder.