Attendre que le braquage se termine.

Carole était trop terrorisée pour tenter quoique ce soit. Elle se contenta de se recroqueviller dans son coin pour que les braqueurs l'oublient et attendre que tout ça soit fini. Elle n'écoutait plus que distraitement les cris et les ordres des braqueurs, pensant à sa mère et à ses amies. Le braquage dura encore une bonne demi-heure avant que le directeur ne soit à cours de carte de retrait pour les distributeurs. Le chef des braqueurs le gratifia d'un «Merci pour votre coopération» accompagné d'un violent coup de crosse dans la figure. Puis lui et ses hommes rassemblèrent les sacs d'argent et se préparèrent à partir.

« Chef… J'sais que vous êtes un génie mais on fait comment pour quitter la ville s'ils donnent l'alerte?

• Mais putain tu fais chier! Je te l'ai dit cent fois, j'ai tout prévu! On va se choisir un otage qu'on gardera avec nous et s'ils les merdes qui bossent ici veulent pas avoir un mort sur la conscience faudra qu'ils attendent la fermeture pour déclarer le braquage, dit le chef avec lassitude.
• Ah ouais j'y ai pas pensé…

• J'ai pas l'impression que tu penses souvent…» lâcha le chef en s'approchant des otages.

  Il les dévisagea tous les uns après les autres, réfléchissant lequel remplirait le mieux ce rôle.

  « Autant lier l'utile à l'agréable» finit-il par dire en rigolant.

  Carole ne comprit que quand elle sentit qu'on l'attrapait par le bras.

  «Ça te dirait de faire une balade dans le coffre d'une voiture ma mignonne? lui dit le chef.

• Mais chef! Et si elle a un téléphone et qu'elle appelle les flics?»

  Le chef le regarda fixement et Carole put voir que ses yeux brulaient d'une lueur furieuse.

  « Tu viens de me dire que tu l'as pas fouillé quand elle est arrivée???

• Mais chef vous m'avez pas dit de…
• Je t'ai dit en arrivant qu'il faudrait que tu fouilles tout le monde pendant que la brute se chargeait de rendre le dirlo coopératif…
• P…pardon chef je…

• TA GUEULE!!! On réglera ça plus tard, fouilles-la.»

  Aussitôt dit, aussitôt fait. Le nerveux se dépêcha de fouiller Carole, la palpant avec insistance et insistant bien sur les seins et les fesses. Il finit par trouver son téléphone et le chef s'en empara aussitôt.

  « Vous bien compris? Si jamais on se fait courser par des flics avant la fin de la journée on lui colle une balle entre les deux yeux! Alors faites comme d'habitude et tout ira bien.»

  Sur ce, le chef et ses comparses sortirent en emmenant Carole. La brute avait caché son fusil sous son imperméable, tandis que le chef avançait en collant son flingue dans le dos de la jeune fille. Ils enlevèrent rapidement leurs cagoules mais Carole était trop effrayée pour les dévisager. Ils croisèrent le guetteur qui leur emboita le pas. Autour d'eux les rues commençaient doucement à se remplir mais il y avait encore peu de monde.

  « Euh chef, dit le nerveux en hésitant. Vous pensez vraiment qu'ils vont…

• Faire ce que j'ai dit? Ils craqueront avant, mais ça nous donnera de l'avance. Prends le volant.»

  Ils avaient atteint une berline flambant neuve et la brute se glissa derrière le volant. Carole fut balancée dans le coffre, ligotée grossièrement et bâillonnée avant d'être recouverte par les sacs du butin. Lorsqu’ils refermèrent la porte du coffre elle se retrouva dans le noir et elle se mit à pleurer. Puis la voiture démarra en trombe pour l'emmener vers l'inconnu.