26 décembre 2019

26 décembre 2019.

Maddy ouvre les yeux, le sperme chaud coulant sur ses joues, sur son front. Le membre imposant est encore à quelques centimètres à peine de son visage, puis s’approche, s’insérant entre les lèvres qu’elle avait gardées entrouvertes. Instinctivement, elle le lèche et le suce doucement, le nettoyant. L’homme la regarde faire, un genou posé sur le matelas de chaque coté de son corps, lui interdisant de se lever.

Quelques instants plus tard il se relève, assouvi, faisant craquer le lit de mauvaise qualité, puis se dirige vers la salle de bain, nu.

Maddy voit la masse– il doit peser près de 150 kilos – s’éloigner, les bourrelets de chair vibrant à chaque pas.

Elle se lève aussi, fatiguée, et ramasse le t-shirt usé qu’elle a laissé tomber lorsque l’homme le lui a demandé. Son regard se pose alors sur le miroir sale qui occupe un grand espace de la chambre de motel miteuse où ils se trouvent.

Elle voit ses traits tirés par le manque de sommeil de qualité; ses longs cheveux, devenus blonds platine afin de modifier son apparence; ses seins aux pointes dressées ornées d’anneaux, cadeau d’un chum qu’elle a aimé, et qui a abusé de sa confiance pendant quelques mois; baissant les yeux, elle aperçoit le tatouage « naughty and nice « qu’elle arbore juste au-dessus de son clitoris, qu’elle s’était payé pour lui faire plaisir.

Elle essuie machinalement le sperme qui commençait à sécher sur son visage avec un coin des draps qui, de toute façon, étaient déjà maculés. Elle met ensuite son t-shirt, sans soutien-gorge – chaque dollar épargné est un dollar gagné – et se penche pour trouver ses jeans présentant ainsi son cul à celui qui l’admire, assis sur le bol, lisant le « i love you « tatoué au-dessus de ses fesses.

Elle enfile ses jeans aux genoux déchirés, les attachant difficilement – elle a pris quelques livres au niveau des hanches depuis trois ans – puis met ses souliers à talons haut – il y a quelques années à peine, seule la pensée de marcher avec ceux-ci l’aurait outragée .

Il passe à coté d’elle, lui claquant les fesses avant de jeter trois billets de vingt dollars sur la commode près de l’entrée.

-Tshinashkumitin, dit-elle en Innu, merci.

-Niaut, répond-il en lui montrant la porte.

Au revoir. La langue Innu lui est de plus en plus familière, beaucoup de ses clients ne faisant pas l’effort de lui parler en français. Elle met son léger manteau de jeans avant de ramasser les billets, jetant un dernier coup d’œil à la pièce qui, malgré tout, est plus chaude et en meilleur état que la chambre dans laquelle elle vit depuis quelques années.

Elle sort sans un mot de plus, le froid mordant traversant ses légers vêtements.

Elle marche lentement dans le stationnement presque désert, un gros F-150 noir, caché au fond, roulant vers elle, la blonde stoppant sa progression.

Il s’arrête à son niveau, Maddy reconnaissant le conducteur lorsqu’il descend la vitre teintée.