Elle choisit la tranquilité

Joanie avait finalement décidé Tom car l'appel de la tranquillité l'interpellait trop.

Ils avaient discutés pendant une bonne demi-heure, Tom l'ayant fait rire plus d'une fois. Elle n'avait pu se faire une idée précise quant à l'âge de Tom, mais elle le devinait de l'âge de ses parents. Il avait tellement su la mettre à l'aise qu'ils s'étaient entendu pour se rencontrer dans l'après-midi.

Cela lui pris 45 minutes pour arriver, mais Joanie ne le regrettait nullement; le paysage était à couper le souffle et elle ne put s'empêcher de prendre un moment pour s'imprégner de toute cette air pur.

Bonjour mademoiselle, puis-je vous aider?

La voix douce de Tom la sortit de sa transe. Elle se tourna vers lui et ne put cacher sa surprise: Tom devait avoir au moins soixante ans et non dans la quarantaine! Ce dernier ne sembla pas s'offusquer de la réaction de la jeune fille et il ajouta même une petite blague, en disant qu'il avait beau avoir 63 ans, qu'il était toujours aussi fringant que lorsqu'il en avait 40. Il termina sa blague d'une petite ''steppette'' qui fit rigoler Joanie.

Ce fût au tour de Tom d'avoir une expression surprise: «Joanie?» demanda-t-il soudainement. Elle ria encore plus et hocha de la tête en acquiesçant. «Et bien, si tu décides de rester avec ce vieillard, tu feras de lui un homme comblé puisqu'à chaque jour il y aura un petit rayon de soleil dans sa maison.» Joanie sentit ses joues s'empourprer et elle sourit à Tom.

«Bon, assez bavarder vieil homme, fais-lui visiter ton petit coin de paradis avant qu'elle ne se sauve par ennui!» Joanie se remis à rire alors que Tom lui tendais son bras galamment. Elle lui pris le bras et aussitôt il l'amena vers le petit lac, dont il ventait la qualité et la température de l'eau. «Le lac est assez profond pour y nager, mais pas assez pour t'y noyer. Selon moi, au centre, tu aurais de l'eau jusqu'au cou, sans plus. Je m'y baigne encore un peu, mais depuis que ma femme est morte, disons que le moral y est moins.»

Il y eut un petit silence malaisant, mais Tom ne sembla pas y porter attention et décida de continuer la visite. Le malaise de Joanie ne fît que grandir alors qu'il la guidait dans un sentier depuis plusieurs minutes. Elle se devait d'admettre que tout de même, malgré l'ascension continue, le vieil homme n'était pas essoufflé. Alors qu'elle s'apprêtait à dire quelque chose, Tom pointa devant eux et, se retournant vers elle, dit d'un ton joyeux «nous y sommes». Joanie eut le souffle coupé: ils avaient atteint une surface rocheuse assez grande pour qu'ils puissent s'y asseoir confortablement et regarder l'horizon qui semblait infini. «C'est romantique comme endroit... dit Tom sur un ton émotif. Moi et ma Ginette on venait souvent se coller en regardant le soleil se lever ou se coucher.»

«C'est non seulement romantique, c'est sublime.»

Tom souriait en regardant cette jeune fille aux formes plus généreuses que celles de sa défunte femme et il ne pouvait qu'espérer qu'elle accepte de partager la maison avec lui.

«Allez viens Joanie, il reste toute la maison à découvrir.» Comme cette dernière ne bougea pas, Tom lui prit doucement la main et l'attira vers le sentier. Sans même sans rendre compte, les doigts de Joanie se refermèrent sur ceux du vieil homme et c'est l'esprit embrouillé par l'expérience qu'elle venait de vivre qu'elle se laissa guider dans le sentier.