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Chapter 8 by ArtemisFr ArtemisFr

Où m'emmène-t-il ?

Au dernier étage.

Quand l'ascenseur s'arrête enfin, les portes s'ouvrent sur un environnement totalement différent.
Un long couloir aux murs de bois blanc, avec des reliefs en dorure et des intervalles séparés de demi-colonnes à l'apparence de marbre blanc, s'illumine sur toute sa longueur. Le sol est couvert d'un tapis rouge à motif et ne souffre aucun défaut ni salissure. Les quelques portes visibles de là où je suis, disposent de poignées dorées et d'une clochette pour sonner. Je me demande si je ne viens pas d'avoir une absence pendant laquelle Charles nous aurait téléporté ailleurs.
Je suis sûr que nous étions entrés dans ce qui ressemblait à un grand centre commercial rempli de box pour accéder aux cellule de VR. Alors qu'ici on se croirait dans un hôtel de luxe. C'est franchement troublant.
Dans mon état, il me faut un certain temps pour réfléchir à comment réagir à ces différences absolues. Jusqu'à ce que je me rappel que Charles avait parlé de suite de luxe. Je n'avais même aucune idée que ça existait.
Il nous fait avancer dans le couloir et arrivé devant une des rares porte de l'étage, il s'arrête et tape sur un digicode. Les chiffres sont flous pour moi et de toute façon je m'en fout un peu. J'ai juste envie d'aller aux toilettes.

La porte s'ouvre et l'intérieur est encore plus luxueux que le couloir. Ce n'est pas une suite de luxe uniquement, c'est un penthouse carrément.
J'ouvre la bouche, sans dire un mot. L'endroit est absolument immense, mon appartement, même si ce n'est qu'un studio, tiendrait dans le salon. Je regarde partout autour de moi, les mots ont du mal à venir et je ne me rend même pas compte qu'il me guide vers le canapé pour que je m'assoit tant je suis captivée par la foule des choses que je vois.

"-C'est ...énorme. Y a même une cheminée. Et un jacuzzi ?"

Je me relève rapidement, toujours un peu vacillante et commence à déambuler. Il me suit au cas où mais ne coupe pas ma visite.
Je parcours le salon, passe par la cuisine tout équipé.

"-Moi j'ai juste une plaque électrique pour cuisiner et un vieille évier" Dis-je en rigolant bêtement.

Je passe une porte et c'est une chambre avec un lit immense, il y a une double porte à l'opposé de moi et surtout une baie vitrée qui donne sur une terrasse avec vue vers la ville de Lille et ses immenses tours qui continuent de pousser comme des champignons.
La hauteur ici est vertigineuse. Bien plus haute que celle de l'ancien stade. l'absence totale de relief permet à la vue de porter loin sur l'immense métropole tentaculaire de plusieurs millions d'habitants.
Le vent frais qui me souffle au visage me ramène un peu hors de ma contemplation et je me rend compte que je veux toujours aller au toilettes.
Je presse le pas jusqu'à trouver la salle de bain, immense elle aussi, avec une baignoire si grande que je pourrais me noyer dedans, et enfin les toilettes, les indispensables et divins toilettes. Je laisse Charles tout seul et rejoins ce micro-paradis, enfin.

Quand je ressors de là, je ne suis toujours pas redescendue, je le sens bien. J'essaie d'être rationnelle mais je ne tiens pas cinq secondes sans que quelque chose vienne me distraire. Je retourne dans le salon, la tête embrumée et Charles est là. Il me tends un verre et un cachet.

"-Qu'est ce que c'est ... ?"

Ma langue est pâteuse dans ma bouche et je crois que je n'ai pas vraiment articulé mes mots.

"-Le cachet va t'aider à éliminer l'alcool dans ton sang et l'eau c'est pour éviter la gueule de bois."

Je prend le cachet sans plus me poser de question et bois le verre cul sec avant de le lui rendre. Il me guide ensuite vers le canapé et je m'y affale de tout mon long, pour un voyage instantané dans l'oubli.
C'est un peu plus d'une heure plus tard que je me réveille. Je regarde autour de moi et je reconnais assez vite où je suis. Le cachet devait être efficace car je ne ressent plus du tout les effets de l'alcool. Charles est là, assis dans l'un des fauteuils adjacent.

"-Ça va mieux ?" Me demande-t-il
"-Je crois oui."

Je me redresse et recale d'un geste de la main, plusieurs mèches qui se sont détachées de ma queue de cheval. Je remet mes lunettes en place et jette à nouveau un œil autour de moi. Maintenant que j'ai dégrisée, je peux prendre un peu plus le temps d'observer l'agencement des lieux. Cet endroit doit couter une fortune à louer. Mais c'est peut être là ce que l'état offre à ses meilleurs scientifique. Une façon de s'assurer qu'ils restent en France en leur permettant d'avoir accès au luxe.
Je remarque aussi, finalement, deux cellules d'immersion.
Elles ressemblent à deux colonnes cylindriques de bois laqué assez large pour qu'une personne tienne facilement debout à l'intérieur, avec un panneau de commande adjacent. Je remarque aussi qu'elles sont toutes deux reliées à une même console. C'est sans doute là que Mourad vient pour s'immerger et accéder à son laboratoire.

"-J'ai réfléchis à ton soucis avec la VR" Dit Charles, quand il remarque que je regarde les deux appareils.

Je fronce les sourcils en me tournant vers lui.

"-Je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit, mais je pense que tu devrais essayer." Il lève une main pour m'interrompre avant que je dise quoi que ce soit. "Je sais que c'est difficile pour toi, mais je pense qu'il faut que tu surmonte cet obstacle. Certes tu as réussi à bien t'en sortir jusque là. Mais ta peur te bloque l'accès à beaucoup de choses et notamment à toute forme de progression dans ta carrière. De plus en plus de laboratoires passent par la VR et non plus par les expériences réelles. Il y a de moins en moins de vrai labo physiques et la plupart des scientifiques font parti de groupe internationaux qui peuvent se regrouper à partir des labo virtuels."

Il parle et j'entends dans sa voix l'envie de me conseiller, ce que je comprends, mais que je ne peux accepter. Mais il continue et son ton se fait plus grave avec une pointe de regret.

"En plus, la façon dont tu traite les personnes qui utilisent la VR a une très mauvaise influence sur ton image. Certes ce sont surtout les étudiants qui se plaignent, mais tu es aussi très distante avec tout les autres et ça n'a pas échappé aux collègues et c'est remonté jusqu'au directeur de l'université."

Je fronce les sourcils encore plus fort alors que mon sang commence à chauffer. Il vient s'assoir à côté de moi et je me décale pour laisser de la distance entre nous.

"-Sarah ... Je le redis, je ne te forcerais pas. Mais je pense qu'ils serait bon pour toi d'essayer. Même si c'est pour ne pas changer d'avis sur la VR et ceux qui l'utilisent, mais au moins pour surmonter ta peur. Tu peux sinon voir ça comme une expérience scientifique. Une façon de mettre à l'épreuve ta théorie et pouvoir argumenter sur ce qui ne te plait pas réellement dans la VR ou observer s'il tu as des préjugés qu'il faut casser."

Je sens mon cœur qui cogne et mon souffle s'est fait plus fort, mais je comprend un peu où il veut en venir. Sans doute ai-je ajoutée des idées reçu pour me conforter dans mon idée que la VR c'est mal et j'en ai régulièrement fait le reproche aux autres, mais il n'est pas honnête de ma part de les prendre pour des vérités absolues, cela relève de la croyance et c'est l'opposé de ce que je suis sensée faire. Cependant, le cœur de mon problème n'est pas mon ressentiment, mais ma peur, et elle ... elle est justifiée, elle est rationnelle.

"-Je ne peux pas ignorer ma phobie comme ça. Tu sais bien comment ça marche. Rien que d'imaginer entrer là dedans ..."

Je suis prise d'un frisson qui me parcours tout le corps et je presse mes mains contre le canapé pour me rassurer et me rattacher à la réalité.
Il ne détache pas son regard de moi.

"-Tu n'es pas seule tu sais, je suis là. Si tu accepte d'essayer, je t'accompagnerais. Et je peux t'assurer qu'il ne se passera rien de mal. Ta dernière expérience date de quoi ? Vingt ans ? la technologie a largement évoluée depuis et tu n'es pas un sujet d'expérience cette fois."
"-Vingt-six ans ... c'était il y a vingt-six ans ..."

Je le corrige sur la date, mais quelque part je sens qu'il a un peu raison. Je dois affronter ma peur, je ne suis plus une enfant, je ne peux pas rester coincée à cause de ça. Et je ne serais pas seule. Je tourne mon regard vers le sien. Le mien est empli de doute, le sien est stable, sur de lui.

"-Tu peux m'assurer que tout ce passera bien ?" Dis-je.
Il me montre la console à côté des cellules.
"-Je pourrais te suivre à partir de là si tu veux. Cette console fait le suivi de tout les signes vitaux et mentaux. S'il y a le moindre problème je peux te sortir instantanément de là. Je peux même communiquer avec toi et toi avec moi quand t'es dans la VR."

j'hésite encore un peu. Mon cœur continue de battre fort, mais il a remplacé la colère par l'appréhension.

"-Tu me promet que ça se passera bien ?" Dis-je une fois de plus en insistant sur la demande de promesse.
"-Je te promet que ça se passera bien. Tu peux me faire confiance."

Je ferme les yeux. Prend une grande inspiration et me fait **** mentalement. Je lutte contre mon cœur qui tremble, contre mes muscles tétanisés, contre mes souvenirs horrifiques et dans un souffle je lâche, comme une sentence irrévocable à moi même.

"D'accord, je vais le faire"

Le plus dur c'est d'entrer dans un caisson ou de se lever du canapé ?

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