Il l'envoit chier.

Soudain, il y a un grand silence dans le groupe et tous les regards se fixent sur elle. D'abord contente de faire cet effet, Lucile se sent soudain mal à l'aise en regardant les autres. Ils semblent bien abasourdis... Mais pas dans le bon sens, plutôt comme si ce qu'elle venait de dire était complétement à l'ouest. Doucement le silence se mue en rires moqueurs et Pierrick lui répond:

"Putain mais tu te prends pas pour de la merde déjà! Désolé mais t'es pas mon genre alors va te coller à un autre."

Lucile en est bouche bée et ne sait pas quoi répondre. Pas plus tard que la veille il semblait pourtant sensible à ses charmes, comment était-ce possible? Autour d'elle, les remarques commencèrent à fuser:

"Yoah non mais j'aurais jamais osé!"

"Elle se prend pour qui cette grosse vache?"

"Y a vraiment qu'une conne pour se ridiculiser comme ça."

"C'est bien un thon ça! Prêt à n'importe quoi pour essayer de chopper un mec"

"Ouais, je comprends pas comment elle peut penser avoir sa chance, t'as vu comment elle est moche?"

Cette dernière remarque lui fait comme un électrochoc. Le gars qui vient de dire ça est un grand brun à la peau mat dont elle avait toujours repoussé les avances et qui lui avait déclaré sa flamme à peine une semaine auparavant en lui jurant qu'il serait toujours là pour elle. Les larmes aux yeux, elle tente de résister à ce déchainement d'insultes mais la dernière parole de Pierrick achève de la briser:

"J'en ai marre d'avoir toujours toutes les grosses moches du bahut qui me courent après"

Étouffant à moitié un sanglot, Lucile part en courant, le plus loin possible d'eux. Elle ne comprend rien à ce qui se passe si ce n'est qu'au lieu d'être devenue la plus belle, elle est devenue le plus gros thon de l'école. Elle finit par échouer dans les toilettes des filles et reste un long moment à y pleurer.

Finalement, c'est le concierge du lycée, un hispanique de 50 ans nommé José, presque obèse, au crâne dégarni et velu comme un singe, qui la trouve après presqu'une heure. Il tente de la réconforter maladroitement. Lucile ne l'aurait même pas écouté en temps normal, mais là ses larmes se sèchent rapidement et elle se retrouve pendue à ses paroles:

"Il ne faut pas que tu les écoutes, lui dit-il d'une voix rendue rauque par le tabac. Tu es la plus jolie fille qui j'ai vu".

Il a les yeux qui brillent d’une lueur lubrique en disant en disant cela et Lucile le voit qui s’humecte les lèvres. En un instant, il est passé de la bonne âme charitable à un homme loin d’être insensible aux charmes de l’étudiante. Le dégout gagne rapidement Lucile à l’idée que ce porc puisse s’imaginer avoir la moindre chance avec elle. Mais en même temps elle sent une chaleur familière lui envahir le corps, à commencer par son entrejambe…