Elle prend le contrôle d’un chef de gang.

Lucile a une vue aérienne de la ville, il lui est facile de trouver ce qui l’intéresse. Et justement, elle voit une dizaine de types encapuchonnés en train de faire peur aux passants. Elle s’approche de plus près, il s’agit d’un groupe de jeune de banlieue venu faire une virée en ville, ils s’amusent à faire peur aux bourgeois. Parmi eux, l’un est traité avec respect par les autres. Sans doute le chef.

Lucile toujours désincarnée plonge métaphysiquement dans le corps du chef. Elle lance un sondage rapide de son âme, et apprend qu’il s’appelle Samir ; il a vingt ans et quelques condamnations au cul… Ce qui lui vaut respect et admiration des pauvres zonards qui l’accompagnent. Exactement ce que Lucile cherchait.

Samir n’étant pas d’une vivacité d’esprit remarquable, il lui est facile de prendre le contrôle de son corps. Elle met l’esprit de son hôte en sommeil, quand elle repartira du corps, il se réveillera avec un trou de mémoire. Lucile n’aime généralement pas faire trop de victimes « innocentes », mais en furetant dans l’esprit du loubard, il est visible que ce dernier n’a rien d’un innocent… Il ne semble avoir tué personne, mais c'est presque un miracle vu tous les gens qu’il a envoyé à l’hôpital.

Après s’être écroulée par terre pendant qu’elle envahissait le corps, elle se redresse. Un des larbins du chef essaie de l’aider :

« lâche-moi ! Je tiens debout toute seule.

— Bien sûr Samir ! euh, tout seul, tu veux dire.

— Évidemment. Bon, qu’est qu’on fout là !

— Euh… bah on pensait cramer quelques voitures…

— Brûler des voitures… C’est pas un peu fini ces divertissements de gamins ? »

Les banlieusards étaient un peu troublé par le comportement de leur chef ; lui qui d’habitude avait des tendances pyromanes exacerbées.

« Alors qu’est ce qu’on fait ? On va affronter la bande d'Ousmane ?

— Non, j’ai mieux… repris Lucile, y a une fille. Une putain de garce, je l’ai croisée dans la rue ce matin, elle m’est rentrée dedans avec son vélo… Et vous croyez qu’elle s’est excusée ? Non, elle a dit que j’avais une tête de con...

— Putain la salope !

— Quand je lui ai dit que si elle ne s’excusait pas et ne se montrait pas respectueuse envers moi, j’allais la défoncer avec mes potes. Lui faire pleurer du sang de son trou de cul.

— Oauis ! T’as eu raison ! elle a dû en chier dans son froc.

— Pas du tout ; cette conne a dit que vous n’auriez pas les couilles. Que tout ce que vous pouviez baiser avec vos petites bites, c’était vos propres mères.

— Bordel…

— On peut pas laisser passer ça les mecs…

— On a qu’à l’attendre demain où qu'elle est passée.

— Pas la peine, si j’ai voulu qu’on vienne en ville ce soir, c’est que je sais où elle habite.

— Sérieux ? Comme que tu le sais ?

— J’ai euh… Elle avait une étiquette sur son vélo avec son adresse…

— Ah ! La conne ! Et elle est comment ? »

Lucile faillit répondre que c’était un thon, avec une tête de mérou tant il lui semblait humiliant de complimenter sa rivale. Mais elle devait laisser ses ressentiments de côté deux secondes et se montrer objective si elle voulait se venger.

« Une bombe, des seins comme des melons. Y a de quoi s’amuser, c'est de la belle salope juteuse qui file la trique… ce soir je veux qu’aucun de mes drougs ne rentrent chez lui sans avoir baisé cette salope ! »